Xi’an est une très vielle ville (plus de 3000 ans au compteur) et était l’une des anciennes capitales de la Chine. Elle fait partie des 4 grandes capitales historiques avec Rome, Athène et Le Caire. Elle était également la dernière étape de la Route de la Soie. Sans surprise, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1997. Elle a été détruite et rebâtie plusieurs fois et il est possible de découvrir des ruines à l’extérieur de la ville actuelle. C’est une ville très grande avec plus de 8 millions d’habitants et possède une population étudiante très variée et nombreuse.
Pour rejoindre Xi’an de Beijing, le plus simple avait été de prendre le train. Pas le plus rapide avec plus de 12 h de transport mais c’était le plus économique. Avec le train grande vitesse, le temps était réduit à moins de 5 h mais 2 à 3 fois plus cher. Pour tout ce qui est train, j’ai utilisé une application dédiée : Ctrip. C’est une application chinoise qui permettait de réserver une place en ligne, contre une commission d’environ 5 €. C’était extrêmement simple, la réservation effectuée, on recevait un n° qu’il suffisait de montrer à n’importe quelle gare pour obtenir notre billet. Le personnel des gares ne parlant pas anglais (du moins, ceux que j’ai rencontrés), ça évitait de nombreuses galères. J’utilisais la version internationale en anglais. Ctrip proposait aussi d’autres fonctionnalités que je n’ai jamais utilisées donc je n’en parlerai pas. J’ai donc pris un train de nuit, histoire d’optimiser : dormir pendant le voyage = économie nuit dans auberge + déplacement en même temps. Le départ était à 20 h 40 et j’étais arrivé à la gare Beijing west vers 18 h. Autant la gare Beijing North était un bordel innommable, autant cette gare était beaucoup mieux organisée. Il y avait à l’entrée un grand panneau lumineux avec la direction des trains en chinois ainsi que les horaires, les n° de trains et les n° de voies. Le n° et l’horaire du train étant marqués sur le ticket, la direction en chinois n’était pas gênante. Ensuite, d’immenses salles d’attente étaient réparties suivant les n° de voies, indiqués par des panneaux. Impossible de se tromper, même pour moi. Dans la salle, il y avait tout autour des petites boutiques de nourritures, boissons et autres accessoires de voyage et des WC avec un distributeur d’eau froide et chaude. Les nouilles instantanées sont la nourriture principale pour les voyages. En France, ce sont les sandwichs. Dans une petite salle à part, il y avait toute une zone dédiée à la recharge des téléphones et autres appareils électroniques. A la différence d’autres endroits où il n’y avait juste que des prises, il y avait directement des câbles avec différents embouts. Il n’y avait même pas besoin de sortir ses propres câbles. Un panneau lumineux indiquait ensuite le train et le n° de voie (il y en avait plusieurs par salle) et la direction était écrite en chinois mais également transcrite. Malgré la taille de la salle, il n’y avait pas suffisamment de sièges pour tout le monde donc on était beaucoup à être assis par terre ou sur nos sacs en attendant notre départ. Embarquement vers 20 h 15, je me suis retrouvé dans un compartiment 4 couchettes assez familier avec des draps, couvertures et oreiller déjà préparés. Le petit plus par rapport au transsibérien/transmongolien : des chaussons (dans des pochettes) étaient également fournis ! Il y avait en revanche qu’une seule prise.
Dans mon compartiment, je me suis retrouvé avec deux vieux anglais ainsi que leur guide. Ils faisaient partie d’un groupe d’Australien/ Anglais qui occupaient quasiment tout le wagon. Le guide était très sympa, on a pas mal discuté (avec les Anglais aussi). Il m’a fait goûté un pamplemousse qui n’avait rien à voir avec ceux que j’avais déjà mangés auparavant. Très gros et peu sucré, ce n’était pas désagréable. Il m’expliquait qu’il aurait beaucoup aimé voyager en solo comme je le faisais mais qu’il avait été bloqué indirectement par sa famille. En Chine, les mariages arrangés sont encore très fréquents et il avait été plus moins forcé à se marier avant ses 30 ans. Avec une femme et des enfants à charge, il avait été coincé, sa femme n’étant pas vraiment intéressée par les voyages. Les vieux s’étant couché à 22 h, j’ai passé le restant de la soirée dans le couloir. Heureusement, il y avait des strapontins.
Je suis arrivé à la gare de Xi’an, toute proche des remparts nord est. La gare Xi’an north était dédiée aux trains à grande vitesse et était située beaucoup plus au nord. A la sortie, les policiers et les militaires étaient de mise… Heureusement, dans le reste de la ville, la police était beaucoup moins présente, ça changeait de Beijing. J’ai trouvé un office de tourisme à côté de la gare qui m’avait passé un plan de la vieille ville mais peu précis et pas à l’échelle non plus. Mon objectif 1er avait été de rejoindre tranquillement mon auberge de jeunesse mais je ne savais pas du tout où elle se situait. J’avais l’adresse mais Google map et Maps.me avaient du mal. J’ai demandé à une passante qui parlait un peu anglais et qui a vraiment essayé de m’aider, sans succès. Mais elle avait passé pas mal de minutes avec moi sur le plan pour trouver ma bonne direction, ça changeait de Beijing. Après avoir fait un tour de la vieille ville (un grand d’ailleurs, j’avais zigzagué dans les 2/3 quasiment du coin nord est jusqu’à la porte sud en passant par la porte ouest), je suis arrivé à l’auberge vers 15 h. Elle était très bien placé, dans le quartier musulman, quasiment au centre de la vieille ville. Ma chambre était au 6ème étage, les lits n’étaient pas très confortables mais je n’ai pas pu discuter une seule fois avec les 2 Chinois qui étaient là. Ils se couchaient vers 22h, je n’étais pas forcément rentré dans la chambre à cette heure là et ils dormaient encore quand je me levais. Le rez de chaussée était insane par contre. Il y avait une toute petite terrasse à l’entrée où on pouvait fumer mais la pièce commune avait une bibliothèque, un bar, des tables avec canapés et un billard ! Le tapis était un peu fatigué, les queues ne glissaient pas très bien et il n’y avait pas de bleus mais je m’en fichais. Dans les deux soirs à l’auberge, je m’étais fait quelques parties. J’anticipe un peu, mais ce n’était pas la seule auberge où il y avait un billard et de manière générale, c’était un bon moyen d’engager des conversations : je commençais une partie, une ou plusieurs personnes se proposaient alors de jouer avec moi. Le 1er soir, j’avais fait 2 parties avec un Chinois. J’avais perdue la 1ère en mettant directement la noire (le classique). Quant à la 2nde, le Chinois m’avait mené du bout du nez du début à la fin et il avait eu un coup de bol énorme pour mettre la noire! Même lui n’en revenait pas et il s’était limite excusé. On s’était bien marré. Bref, pour moins de 2,50 € la nuit (38 Y les deux nuits), c’était une très bonne auberge.
Je n’ai pas vu grand chose de Xi’an, j’étais resté quasi exclusivement dans la vieille ville, à l’intérieur des enceintes. En même temps, je n’étais pas resté très longtemps, à peine 3 jours dont une journée presque complète en dehors de la ville pour visiter (entre autres), le site des soldats en terre cuite.
Le parc de la Révolution.
Pas grand chose à dire sur ce parc, j’y étais passé assez tôt le matin après mon arrivée à Xi’an et il était à environ 1 km au sud ouest de la gare. C’était un lieu très agréable, remplis de Chinois faisant leur gymnastique du matin. Il y avait également plusieurs zones de rencontres arrangées. Alors, il faut que je détaille un peu plus. Ce n’était pas des zones où des jeunes personnes se rencontraient, c’était plutôt un genre de marché. Il y avait des dizaines d’annonces avec les descriptions des hommes ou des femmes et les parents/ futurs beaux parents venaient choisir les meilleurs partis pour leur fille/ fils, un peu comme on fait son marché. Si les choix convenaient aux deux parties, alors une rencontre était organisée entre les futurs époux. Il n’y avait quasiment pas de photo, le physique n’étant pas vraiment un critère de sélection. L’âge, la position sociale et les revenus étaient prioritaires. J’ai trouvé ça un peu triste. Des cages à oiseaux étaient installées un peu à part dans des arbustes. Près d’une sortie au sud, il y avait un genre de mini parc d’attraction pour enfants mais il était fermé. On aurait presque cru à l’abandon, c’était limite creepy.
Le parc de Lianhu
C’est un petit parc assez sympathique avec deux étangs dont un qui était à sec, pour des travaux, à priori. J’y suis passé après le parc de la Révolution, il y avait beaucoup de petits groupes éparpillés un peu partout : des chants, de la danse, du taichi, des musiciens… C’était très vivant. Il y avait également énormément d’emplacements pour des activités : badmington, tables de ping pong, machines de salle de sport…
La tour de la Cloche
Elle se trouve à mis distance entre les portes ouest et est des remparts, au croisement des rues nord, sud, est et ouest, au milieu d’un énorme carrefour circulaire. Elle est l’une attractions principales de la ville (personnellement, je l’ai trouvé un peu surévaluée…). Une 1ère version a été construite au XIVème siècle avec une énorme cloche en bronze qui indiquait l’heure de la ville. La cloche a été déplacée au nord ouest de la vieille ville. La tour a été détruite et reconstruite à son emplacement actuelle au XVIème siècle. La tour propose maintenant une exposition de cloches et divers instruments de musique. Elle est illuminée la nuit, ce qui la rend extrêmement photogénique. Je ne l’ai pas visité mais j’y ai fait plusieurs tours en journée et en soirée. En dessous, il y avait un énorme passage souterrain piéton qui fait le tour du carrefour. Il y avait même des abris anti atomique… A proximité, à l’ouest était un centre commerciale et un passage extérieur en direction de l’ouest qui menait au quartier musulman et à la tour des tambours.
La tour des tambours.
La tour des tambours se trouvait à l’entrée sud est du quartier musulman, à quelques centaines de mètres à l’ouest de la tour de la Cloche. Elle a été élevée au XIVème siècle au même emplacement qu’actuellement. Et non, elle n’a pas été reconstruite… Elle avait un énorme tambour qui annonçait le couvre feu le soir. Maintenant, elle abrite un musée du tambour. Son rez de chaussée était bordé de nombreux tambours qui servaient à des spectacles quotidiens tous les 45 mn le matin et l’après midi. L’accès à la tour coûtait 30 Y ainsi que pour la tour de la Cloche. En prenant un tir groupé pour les deux tours, il en coûtait 50 Y. Je n’y suis pas monté. Avec le programme que je m’étais prévu, j’étais un peu juste niveau finance.
Le quartier musulman.
Mon auberge était en plein coeur de ce quartier, je l’ai donc parcouru de nombreuses fois. J’étais arrivé la 1ère fois par le nord ouest sous un portique marquant l’entrée. C’était un quartier très vivant, avec des petites rues remplies de cyclistes (et quelques scooters). De toutes façons, les voitures ne pouvaient pas circuler, trop larges. Cette zone était principalement remplie d’échoppes de nourritures et de petits restaurants. Si tu voulais avoir un aperçu de la nourriture locale, c’était le bon endroit. Je n’ai pas goûté les brochettes de moutons ou de boeufs grillées ni les calamars grillés ou autres galettes fourrées. J’allais principalement dans des petits restaurants qui ne payaient pas de mine. Le “problème” avec les échoppes étant que les portions n’étaient pas énormes (avec une brochette, tu n’allais pas loin) et qu’à force, la note pouvait devenir sacrément salée. Alors, oui, c’était relatif, on pouvait monter à 50 – 60 Y soit entre 6 et 7 € mais dans les restaus, je pouvais m’en sortir à 15 – 20 Y. Et j’étais assis à une table. J’en avait même trouvé un le dernier jours (pas dans ce quartier) où j’ai mangé pour 7 Y, soit moins de 0,90 €… ça avait été très compliqué pour commander par contre. Il y avait de l’animation et un peu de monde en journée mais c’était le soir que le quartier vivait vraiment. Avec les échoppes éclairées, la foule (principalement des jeunes, il y avait énormément d’étudiants à Xi’an) et les queues parfois énormes devant certains stands, le quartier prenait une autre figure. D’ailleurs, la taille de la queue était un indice sur la qualité des échoppes : s’il y avait du monde dans la file d’attente, c’est que les produits étaient bons. Il y avait aussi un passage couvert où les boutiques n’étaient pas orientées nourritures mais plus souvenirs. En farfouillant un peu, on pouvait trouver des choses très intéressante comme des étoffes en soie ou des reproductions miniatures des soldats en terre cuite beaucoup moins chères qu’au musée.
Les remparts.
La vieille ville était entièrement entourée de murailles érigées au XIVème siècle, avec quatre portes, aux quatre points cardinaux. Elles étaient entourées de douves (je ne sais pas si c’était d’origine par contre, je n’ai pas trouvé l’info). Il était possible de s’y promener dessus, un peu plus de 50 Y l’entrée et même d’y louer des vélos. Au lieu de monter sur les murs, j’avais fait plutôt le tour par le bas, le long des douves de la porte ouest jusqu’à la porte sud. A côté de la porte sud, il y avait un genre de jardin au pied des murailles qui surplombait les douves. Je m’y étais posé une bonne heure le dernier jour, au soleil de la fin d’après midi. C’était reposant.
La grande pagode de l’oie sauvage.
C’était une immense pagode bouddhiste construite une 1ère fois au VIIème siècle à base de boue et de brique. Elle s’était effondrée puis fut reconstruite début VIIIème siècle. A l’origine, elle faisait 5 étages et 60 mètres de haut. Elle est passée ensuite à 10 étages puis à nouveau détruite à cause des guerres. La 3ème version, celle actuelle, fait 7 étages et 64 mètres sans ciment, avec juste des briques. (A force de voir des monuments soit reconstruits, soit rénovés, j’ai fini par me demander s’il y en avait d’origine dans ce pays. Même la tour du tambour n’avait plus le tambour d’origine, remplacé par d’autres plus petits et plus nombreux). Elle était très au sud de la vielle ville, j’y suis allé en prenant le métro à la tour de la Cloche. La visite de la pagode était payante à 40 Y, je ne l’ai donc pas faite. Au nord de la pagode, il y avait une énorme esplanade, étonnamment gratuite, avec des étendues d’eaux. Tous les jours, il y avait des représentations de fontaine musicale où des jets d’eaux jaillissaient en harmonie avec la musique. Le soir, il y avait des jeux de lumières en plus mais je n’avais pas eu le temps d’y assister. Tu va commencer à te dire que je n’ai pas fait grand chose de payant. C’est parfaitement exact. Mon budget était relativement serré et je l’avais déjà bien entamé avec une autre visite que j’avais faite le 2ème jour à Xi’an. A coup de 30 – 50 Y par ci par là, j’aurais fini par plus de 200 Y de dépenses quotidiennes, ce qui n’aurait pas été possible sur le long terme. Au sud, il y avait un petit jardin assez sympa et plus loin, il y avait la rue Yanta dont la partie centrale piétonne bordée d’arbres regorgeait de stands majoritairement fermée. Cependant, il y avait tout un tas de sculptures, parfois dans des étendues d’eaux, parfois insolites.
La petite pagode l’oie sauvage.
Pas très éloignée de la porte sud des remparts, je l’avais rejointe à pied depuis la grande pagode de l’oie sauvage. Elle a été construite peu de temps après la 2ème version de la grande pagode. Elle faisait 15 étages à l’origine mais un tremblement de terre l’a réduite à la taille actuelle de 13 étages. L’entrée était également payante à 30 Y et abritait aussi la musée de Xi’an. Je ne pense pas que l’entrée incluait aussi la visite de ce dernier. Je ne l’ai pas visitée non plus, le fait qu’elle fut en travaux ne m’avait pas vraiment motivé non plus.
Le musée de l’armée en terre cuite.
L’un des sites touristiques phares de Xi’an et le plus célèbre pour le grand public international. Il est situé à une quarantaine de kms au nord est de Xi’an et a été découvert par accident en 1974 par des paysans (qui ont été expropriés par la suite). Il s’agit de l’emplacement du tombeau de Quin Shi Huang, le 1er empereur de Chine au IIIème siècle avant JC. A cette période, comme dans d’autres civilisations, on croyait que l’on pouvait emporter avec soi des biens et des personnes après la mort. Il a donc décidé de se faire accompagner par une armée en terre cuite (il avait aussi inclus des dizaines de femmes emmurées vivantes avec lui) et pendant plus de 30 ans, près de 700 000 personnes avaient travaillé sur la préparation de son tombeau. Tout ceux qui connaissaient l’emplacement de sa sépulture ont été emmurés vivants à son enterrement. Sa tombe fut recouverte d’un tumulus de 76 mètres et n’a pas encore été fouillée à ce jour. Par superstition d’une part et par soucis de préservation d’autre part. La laque présente sur certaines statues de soldats s’écaillaient en moins de 5 mn au contact de l’air. Les autorités attendent donc de nouvelles technologies afin d’autoriser la fouille du tombeau, situé à environs 2 kms de l’armée. D’autant plus que le sol avait une teneur assez forte en mercure, peut être dû au fait que l’empereur aurait fait représenter les rivières et les fleuves de Chine par des coulées de mercure. Pour en savoir plus, il faudrait lire les écrits de Sima Qian qui a retranscrit les récits de ses temps reculés.
Dans mes recherches, j’avais repéré divers moyens pour y accéder, le moins cher étant de prendre le bus touristique 5 (n°306) pour un trajet d’environ 1 h et un prix de 14 Y l’aller/retour. Avec l’entrée du musée à 140 Y de mars à novembre (120 Y de décembre à février), ça faisait la visite à moins de 160 Y, sans inclure le tombeau. Alors, le tombeau ne se visitait pas à proprement parler mais il y avait un musée qui lui était consacré avec entre autre une maquette. Des guides audio étaient louables à 40 Y. L’auberge de jeunesse proposait une visite guidée pour la journée pour 450 Y (un peu plus de 56 €). Étaient inclus le transport, le repas sur place, la visite d’un atelier de fabrication des soldats de terre cuite et la visite du musée Banpo, un site datant du néolithique dans la banlieue de Xi’an. L’atelier m’intéressait beaucoup mais j’avais vu qu’au niveau transport en commun, c’était loin d’être simple vu qu’il se situait à des kilomètres du musée des soldats et qu’il n’y avait pas vraiment d’horaire de transport régulier. Je risquais de perdre beaucoup de temps. J’ai donc décidé de faire une entorse à mon mode de visite et de prendre la visite guidée.
Le départ était prévu à 8h. J’étais donc sur la petite terrasse à l’heure à attendre le guide. Elle est arrivée 10 mn plus tard mais elle s’attendait à un occidental. Vu que c’était pas marqué sur elle qu’elle était guide, je l’avais vue mais je n’avais pas réagi non plus. Elle m’a donc attendu au comptoir de l’auberge tandis que je l’attendais dehors. Au bout d’un moment, elle était même monté au 6ème me chercher dans ma chambre ! Au bout d’un quart d’heure, ne voyant toujours rien, je suis retourné à l’accueil et on a pu se rencontrer. Une jeune fille arabe et sa mère (je ne sais plus si elles venaient d’Arabie Saoudite ou du Quatar) nous ont rejoint peu après, vers 8 h 30. Donc, ça allait, je ne culpabilisais pas trop. Au final, on avait pas perdu de temps à se chercher pour rien. On a rejoint un mini van près de la tour du tambour et on a récupéré d’autres touristes à d’autres hôtels. Au final, on était 6. La fille et sa mère, un Allemand en voyage d’affaires qui avait une journée de libre (il avait un doctorat en chimie) et … un couple de Français d’une cinquantaine d’années en vacances. Il était professeur de sport et la femme institutrice et ils avaient un peu de mal avec l’anglais. On était un petit groupe, ça m’allait. Après environ 1 h de route, nous avons commencé notre visite par l’atelier de fabrication de répliques de soldats. Nous avions une autre guide sur place, très sympa. Elle parlait très bien anglais, avait une fille de 17 ans et elle pensait que j’étais japonais. Nous n’avons pas pu voir la fabrication en tant que tel mais on a pu avoir une démonstration de leur méthode : ils moulaient un mélange de terres particulières des montagnes avoisinantes avec de l’oeuf et de l’eau de riz puis faisaient cuir pendant 7 jours à 2000 °C. Cela leur permettait d’obtenir un matériau très dur et aussi résistant que du métal. En plus de l’atelier, il y avait également une fabrication de meubles en bois laqué (c’est d’ailleurs là que j’ai appris que la laque était de la sève qu’ils appliquaient sur le bois) et le classique magasin de souvenirs. Après un autre arrêt à une boutique qui aurait été celle du paysan ayant découvert le site, nous sommes arrivés au musée des soldats de terre cuites. Je mets le conditionnel car la guide insistait un peu trop lourdement que le livre et autres babioles qu’il vendait étaient ses seules sources de revenus. Donc ça sentait la commission sur les ventes et un peu l’arnaque. Mais de toute façon, de base il ne fallait rien acheter sur place. Il y avait exactement la même chose dans le vieux Xi’an en moins cher.
Le musée se composait de 4 sites : 3 fosses numérotées de 1 à 3 dans lesquelles les vestiges des statues étaient déterrées et restaurées sur place et le musée du tombeau proprement dit. La fosse 1 était la plus vaste et contenaient principalement des soldats à pied. La fosse 2, la plus récente, contenait un mélange de soldats et d’officiers. La 3, était beaucoup plus petite et ne contenait que des officiers. La disposition générale de l’armée respectait les préceptes de l’Art de la Guerre avec une orientation vers l’est, les soldats sur le côté droit et le poste de commandement à l’arrière. La fosse 2 représentait un mixte d’unité en ordre de bataille avec des archers, des chars et des fantassins. Il était possible de voir les archéologues à l’oeuvre mais ils étaient partis en pause déjeuner. Cependant, on voyait très bien le travail de fourmi qu’ils devaient fournir. Les statues n’étaient pas exhumées entières mais dans un mélange de débris. Les morceaux étaient isolés, numérotés et les statues reconstituées comme des puzzles en 3D à tailles réelles. Le niveau de détail était très élevé, c’étaient des reproductions des soldats véritables avec leur équipement et leur armement. Par contre, il ne fallait pas s’attendre à s’approcher. Des galeries aménagées passaient sur les côtés en surplombant les sites. Pour prendre des photos correctes, un bon zoom était nécessaire. Dans un autre bâtiment, il y avait la salle d’exposition des armes anciennes où on pouvait voir, entre autres, deux chars en bronze ornés d’or et de pierres précieuses. L’un des chars était une reproduction, l’original étant dans un autre musée. La visite guidée fut relativement utile, il y avait des panneaux explicatifs en anglais mais assez succincts donc la guide a pu nous fournir plus d’informations. Cependant, elle n’était pas vraiment bonne (en tout bien, tout honneur), elle se répétait beaucoup. La mère arabe s’en foutait royalement, elle était venue uniquement pour passer quelques jours avec sa fille (qui faisait un voyage de 3 mois en solo en Asie) et voulait uniquement faire du shopping pour ses enfants. Donc elle n’avait pas passé un très bon moment. Mais elle nous donnait des bonbons et des petits biscuits à grignoter de temps en temps, elle en avait tout un stock.
Après la visite, nous avons été emmenés dans un restaurant pas très loin et nous avons mangé à une table avec un plateau tournant. Je n’avais jamais essayé ce genre de table, le concept est assez simple : au lieu de se fatiguer à demander à passer les plats, il suffisait de tourner le plateau pour les avoir devant soi et pouvoir se servir. Au rez de chaussée, il y avait une boutique de thé. J’en ai goûté quelques uns dont un au litchi qui était vraiment très bon. Les thés étaient en vente par paquets avec un prix dégressif avec le poids. On pouvait en acheter par paquet d’1 kg si on voulait. Le thé au litchi me tentait bien mais le paquet à 200 g était trop cher et le paquet à 500 g trop volumineux. L’Allemand était aussi intéressé mais comme moi, le 200 g ne lui convenait pas et le 500 g faisait trop. Je lui ai donc proposé d’acheter le paquet de 500 g à deux et de se le partager. ça ne posait aucun problème aux vendeuses. Elles ont séparé le paquet dans deux autres sachets en papier métallisé scellé afin de préserver l’arôme et l’Allemand et moi avons pu avoir nos 250 g de thé chacun. On en avait quand même eu pour 280 Y à deux soit plus de 140 € le kg… Le sachet a résisté tout le reste du tour du monde, malgré quelques sueurs froides à certains moments où j’avais failli le percer.
Le musée Banpo
Banpo était un village du néolithique et a été découvert en 1953. Il appartenait à la culture Yangshao qui existait de – 5000 à – 3000 avant JC. Le musée était le 1er musée préhistorique de Chine. Il n’était pas très grand et était constitué de deux salles et d’un hall du site de fouille. La première salle exposait les outils utilisés et la seconde salle décrivait leurs inventions et un aperçu de leur art, notamment avec des poteries. Des vidéos montraient également la structure du village ainsi que leur méthode de construction. A vrai dire, cela n’avait pas beaucoup évolué avec les millénaires. Les maisons traditionnelles chinoises suivaient à peu de choses près la structure et la méthodologie. Ce qui m’avait amené à penser que la civilisation chinoise était soit très conservatrice dans l’ensemble ou qu’au néolithique, ils étaient déjà extrêmement avancés. J’étais le seul qui avait pris cette visite dans l’offre guidée. L’Allemand m’a accompagné, il ne voulait pas attendre plus de 40 mn à rien faire. Les Français étaient allés boire un verre et la mère arabe a fait une sieste dans le mini van le temps qu’on revienne.
Départ de Xi’an – aéroport de Xi’an.
L’étape suivante étant Lijang, à près de 1200 km au sud ouest à vol d’oiseau. L’avion était quasiment au même tarif que le train ou le bus mais nettement plus rapide : un peu plus de 3 h de vol vs 16 h en train vs plus de 30 h de bus. J’ai donc choisi l’avion. La guide de la veille m’avait expliqué comment rejoindre l’aéroport depuis la tour de la Cloche : il y avait une navette qui partait régulièrement (toute les 20 mn entre 7h et 23 h) depuis l’hôtel Bell Tower au coin sud ouest du carrefour. A tout hasard, j’étais allé au centre du tourisme à proximité de la tour du tambour pour confirmer ça. Alors, d’après eux, il fallait que je rejoigne la gare Xi’an nord. Ce qui ne correspondait pas du tout à ce que la guide m’avait dit. Un peu perdu, je suis allé à l’accueil de l’hôtel et effectivement, ils proposaient un service de navettes dont le départ se faisait à l’arrière, dans un petit parking en retrait. Le transport coûtait 25 Y, ce qui était très correct. Je suis donc parti vers 17h et après avoir passé un peu de temps près des remparts sud. En passant à un autre hôtel avec la navette, je suis arrivé à l’aéroport vers 18 h 30. Mon embarquement était à 22 h, j’avais de la marge. Après mon enregistrement, j’ai passé les contrôles. Il y a eu des problèmes. Déjà, il était interdit de fumer dans les avions donc les briquets étaient interdits. Sauf que le contrôleur ne parlait quasiment pas anglais donc il a fallu pas mal de temps pour que j’arrive à comprendre le problème. Il me répétait sans cesse “no cigarette !” et moi “Oui, mais là je ne fume pas, je n’ai pas de cigarette allumée. Où est le problème ?”. En fait, il voulait me dire que les briquets étaient interdits dans les avions. Donc ils me l’ont confisqué et balancé dans un seau d’eau. A l’arrivée, on était une bonne quinzaine à la sortie de l’aéroport à se faire tourner l’unique briquet qu’on avait trouvé. Deuxième problème : j’avais mis mon sac principal en soute et les contrôles avaient tilté dessus… Donc ils m’ont emmené à part et récupéré le sac pour le scanner plus en détail. Le contrôleur ne voyait rien et m’a expliqué (toujours en anglais très approximatif) “no battery !”. Pour des raisons de sécurité, les batteries étaient interdites dans les bagages en soute et leurs scanners étaient réglés pour les détecter (entre autres). En soi, ça ne me posait pas de souci. Sauf que le scan n’arrivait pas à localiser précisément où se trouvait la batterie incriminée. Pour cause, je n’en avais aucune dans le sac à dos. Elles étaient toutes dans ma sacoche que j’avais en bagage à main donc je ne comprenais pas. Au bout d’un certain temps, j’avais enfin réussi à identifier le problème : c’était ma lampe frontale et ses piles. Je l’ai donc sortie du sac et l’ai montré au contrôleur qui m’a fait “Oh ! Ok ! no problem.” Et j’ai pu laisser la lampe et les piles LR3 dans le sac à dos. Dans la salle d’attente, il y avait des toilettes, des boutiques et des échoppes de nourritures. J’y ai trouvé des nouilles instantanées très abordables à 15 Y pour le paquet de 5 (en générale, c’était plutôt 6 y l’unité). Les nouilles instantanées étaient ma nourriture de base lorsque je mangeais à l’auberge ou pendant les transits en bus, en train ou à l’occurrence, en avion. Il y avait des distributeurs d’eau chaude et d’eau froide ainsi qu’une zone de rechargement des portables. Petit détail : pendant l’enregistrement, j’ai pu avoir le poids du sac à dos : il était monté à 7,1 kg. J’avais accumulé 2 kg d’affaires supplémentaires depuis mon départ. Les chaussures montantes et le pull en laine y comptaient beaucoup. Heureusement, je m’étais débarrassé de mon monopode à l’auberge. Je ne l’avais pas utilisé depuis mon départ donc il m’encombrait plus qu’autre chose.
Le vol s’était passé sans incident majeur. Je m’étais juste embrouillé avec le stewart et l’hôtesse. Une fois la phase de décollage passée, j’avais activé mon casque. Déjà pour atténuer le bruit de l’avion et ensuite pour écouter ma musique. Ils sont venus assez rapidement me demander de couper mon bluetooth car ça perturbait le cockpit. Ok, je n’ai pas cherché à argumenter et j’ai coupé le casque. Néanmoins, je l’avais laissé sur les oreilles. Je n’écoutais plus de musique et l’antibruit active ne fonctionnait pas mais les coussins enveloppant fournissait un atténuation passive qui était mieux que rien. Ils sont revenus me demander d’enlever mon casque. Et là, rien à faire. J’avais beau leur expliquer qu’il était éteint en leur montrant les diodes, ils ne m’ont pas lâché jusqu’à temps que je le mette autour du cou. Heureusement qu’ils parlaient bien anglais, sinon ça aurait été une embrouille encore plus pénible. Je te rassure, on s’est pas engueulé non plus. Ils ont été très corrects et j’essayais de rester le plus calme possible. Mais je leur répétais sans cesse ” J’ai bien compris ce que vous me dites. Mais mon casque est éteint ! Il n’y plus de problème, là !”. Non, rien à faire. Donc j’ai fait le vol dans un confort auditif assez limité. J’étais aussi à côté d’un couple de Chinois d’une bonne cinquantaine d’années à l’hygiène… basique, dirons nous. Ils puaient littéralement. Bref, le vol n’a pas été des plus agréables et je suis arrivé à Lijiang vers 1 h du matin. Le temps de débarquer et j’étais dans l’aéroport vers 1 h 30. La nuit qui m’attendait allait être tendue…