Obtention du visa :
Là, on attaque un gros morceau. Il existe plusieurs types de visas pour la Chine. Celui qui me concernait était le visa type L, pour le tourisme. Un certain nombre de documents étaient nécessaires. Un tour du monde doit avoir une planification, bien sûr, mais il y a une part à l’improvisation. Je ne voulais pas tout prévoir au jour près, dans quelle ville j’irai précisément, dans quel hôtel je dormirai (bien que j’ai fait un road book relativement détaillé tout de même à cause du temps court à ma disposition mais avec des jours de battements). Or ces informations sont exigées pour la demande de visa. 1er problème. Le 2ème souci était que le visa n’était valable que 30 jours à compter du jour de la demande. Donc j’avais au max que trois semaines après ma demande pour entrer en Chine avec une semaine de battement en cas d’imprévu (retard, grève, accident, tempête…). Pas très pratique. Si j’avais eu un an pour mon voyage, j’aurai fait ma demande de visa à Irkoutsk. Mais mon timing étant relativement serré, cette possibilité n’était pas envisageable : trop de temps et une paperasse encore plus hallucinante à produire. Et de la Mongolie, me diras-tu ? D’après ce que j’ai pu voir, jusqu’en 2016 il était tout à fait possible d’obtenir un visa à Oulan Baator, la capitale. Avec le transmogolien, bon nombre de touristes le faisaient et le quartier autour du consulat de Chine était rempli de boutiques/agences qui fournissaient les papiers nécessaires, notamment la lettre d’invitation contre une petite somme. Mais la Mongolie et la Chine ne sont pas franchement en bon terme ces derniers temps et la Chine a tout simplement décidé en 2017 de ne plus octroyer de visas aux étrangers à Oulan Bator. Pas de soucis pour les Mongols, en revanche. Donc je prenais un risque non négligeable de ne pas pouvoir finir mon voyage en transsibérien jusqu’à Beijing. De la Mongolie, j’aurais du aller dans un autre pays comme l’Inde ou la Corée du Sud pour obtenir le précieux sésame. Mais d’après ce que j’avais pu voir, les demandes de visas depuis la Corée du Sud n’avaient pas vraiment un bon taux de réussite en 2018 pour les Français. Et l’Inde ne me tentait pas vraiment. Mais à force de creuser, je me suis enfin rendu compte que ce délai de 30 jours n’était valable que si on faisait la demande directement à l’ambassade ! En passant par le circuit “habituel” via les centres de visas, le temps de validité du visa était de 90 jours, ce qui était beaucoup plus confortable.
Les Chinois demandaient un justificatif de transport pour l’entrée et la sortie du pays : billets d’avions, de train ou de bus. Il était trop tôt pour réserver mes billets de transmongolien. J’ai donc “rusé” avec des billets d’avion aller/retour Paris/Beijing. Si j’avais fais mes demandes dans l’ordre chronologique de mon voyage, ils auraient vu sur mon passeport le visa Russie et le visa Mongolie. Avec des billets d’avion Paris/Beijing aller retour… Le transsibérien- transmongolien de Moscou à Beijing étant un grand classique, ils auraient tout de suite compris que je me payais leur tête avec mes billets d’avion. Il y avait donc un risque élevé de refus pour le visa. J’ai donc choisi de faire ma demande de visa pour la Chine avant la Mongolie. Avec juste le visa Russe avec une date de sortie deux semaines avant mon entrée en Chine, il était crédible que je sois retourné en France entretemps.
Les documents nécessaires pour un visa touristique L étaient en 2018 :
– le passeport original contenant au moins 2 pages vierges et valable encore minimum 6 mois à compter de la date de délivrance du visa.
– une photocopie de la page des données du passeport (photo + signature).
– une photographie d’identité couleur aux normes.
– le formulaire de demande à récupérer sur le site du centre.
– les conditions générales signés et daté.
– une attestation d’assurance.
– les réservations d’hôtels et l’itinéraire.
– une copie des billets d’avions aller/retour.
– un justificatif de revenu : déclaration d’impôts avec une somme supérieure à 1000 €, les trois derniers relevés de comptes avec à chaque fois un solde de 1000 € minimum, les trois bulletins de salaires ou attestation de travail, certificat de scolarité pour les étudiants.
Pour l’attestation d’assurance, j’étais couvert par la formule SMAC de la Matmut. En revanche, leur attestation “classique” n’était pas valable pour la Chine. Il fallait passer via leur partenaire : Inter Mutuelle Assistance via un formulaire en ligne. J’ai obtenu la version électronique quasi immédiatement.
Les renseignements demandés sur le formulaire étaient juste hallucinants. Entre autres : description de la famille proche, niveau de diplôme obtenu, pays visités dans l’année, profession, le nom de la personne finançant le voyage, maladie mentale grave, tuberculose ou autre maladies infectieuses . Dire qu’ils étaient suspicieux est un euphémisme. En discutant avec des Chinois sur place, la France n’était mieux pour la délivrance des visas pour eux. Ils avaient aussi une quantité incroyable de justificatifs à fournir.
Pour l’itinéraire, j’en avais un mais dans les grandes lignes. J’en ai créé un fictif en mixant plusieurs séjours classiques proposés par des agences de voyage sous forme de tableur avec la date, lieux, activités prévues et adresse de l’hôtel. Etant échaudé par le visa russe, je n’ai pas pris de risques pour les dates d’entrée et de sortie en mettant les dates réelles prévues. Pour les réservations d’hôtels, je suis passé par Booking et j’ai sélectionné n’importe quel hôtel sur un budget de 0 à 50 € par nuit (histoire que ça reste crédible, vu mes revenu si j’avais sélectionné majoritairement des 5 étoiles, ils auraient trouvé ça louche). J’ai pris uniquement les réservations sans avances de frais et à annulation gratuite. J’ai bien sûr tout annulé une fois le visa obtenu.
Comptant entrer en Chine par le transmongolien, je n’avais évidemment pas encore le billet de train. De plus, je ne retournais pas en France après mais en Corée et je n’avais pas non plus mon billet d’avion. Du coup, je suis passé par One way fly, une agence basée en France, pas très loin de chez moi d’ailleurs, qui est spécialisée dans l’octroi de billets de continuation pour les voyageurs faisant des demandes de visa. C’est très utile pour les voyageurs au long cours qui se déplacent au gré de leur envie à travers le monde et qui peuvent se faire bloquer aux frontières où il est fréquemment demandé une preuve de sortie du territoire. Ils m’ont fourni deux billets d’avion Paris/ Beijing et Hong Kong/Paris pour 19 €. C’étaient de véritables billets mais valables deux semaines et annulés directement après. Ce qui laissait largement le temps à l’administration chinoise de vérifier que les billets n’étaient pas faux. La démarche était très simple : tout se faisait en ligne, on avait le choix entre aller simple, aller retour, multidestination et même les hôtels et on précisait les dates. Par contre, il y a eu un petit couac avec le 1er billet : le départ de Paris était bien le 8 mars, mais il me faisait arriver le 9. Alors que mes réservations d’hôtels commençaient le 8… En expliquant le problème par téléphone, j’ai pu avoir le bon billet arrivant le 8 mars.
Pour déposer le dossier, je suis allé au centre de visa à Paris. Il fallait prendre un rendez vous en ligne sur leur site. C’était assez bien fait : il y avait un calendrier et on choisissait directement le jour et la tranche horaire (par demi heure). On recevait ensuite une confirmation de rendez vous à imprimer et à apporter. J’y suis allé le 20 décembre. On voyait que les Chinois sont habitués à gérer un gros flux de personnes : j’en ai eu pour à peine une demi heure et la vérification de mon dossier s’est fait en 5 mn. La fille, très gentille, a un peu halluciné en voyant l’itinéraire, elle l’a vérifié deux fois : “Vous allez faire une très grosse boucle !”. Dans ma tête, c’était : “Et encore, si vous saviez ce que j’ai vraiment prévu…” mais je me suis limité à ” C’est la 1ère fois que je vais en Chine, je veux que ça en vaille la peine.”. J’avais fait une demande pour un visa simple entrée mais elle m’a spontanément proposée le double entrée vu que c’était le même tarif. J’ai un peu tiqué en lui disant que d’après mon itinéraire, je n’avais pas prévu de revenir. Mais elle m’a répondu que beaucoup de touristes revenait en Chine continentale après une étape à Hong Kong donc ça ne posait pas de problème. Au moins, si je changeait d’avis en cours de route, je n’aurai pas de soucis. Ce qui m’a confirmé de l’inutilité totale de la demande d’itinéraire détaillée. Au final, le visa m’a coûté 145 € (126 € + 19 € de billets annulables), à régler uniquement en carte bleue.
Pour le délai, la date de disponibilité du visa était inscrite sur mon récépissé : 28 décembre, soit 8 jours après le dépôt ou 5 jours ouvrés. En outre, j’avais déjà la date de validité du visa : 20 mars 2019 et le temps de séjour maximum : 30 jours. Ce qui voulait dire quatre choses : 1) je n’étais pas obligé de mettre mes dates de séjours précises pour l’itinéraire. Si j’en avais fait un de 2 ou 3 semaines avec des dates différentes que celle que j’avais prévue, cela n’aurait rien changé du moment que j’avais les justificatifs de réservations d’hôtel et d’avion. 2) la période de validité est de 3 mois à partir de la date du dépôt et non de la date d’obtention du visa. Donc, il ne fallait pas le faire trop en avance. Dans mon cas, j’avais prévu d’arriver en Chine début mars, la femme que j’avais eu m’avait dit que c’était un peu tôt pour la demande. Avec de la marge, faire la demande avec un mois d’avance était suffisant. Là, je devais entrer en Chine avant le 20 mars minuit. Cela me laissait un peu de marge par rapport à ce que j’avais prévu, ce qui me faisait une sécurité confortable en cas d’imprévu. Chose que je n’avais pas avec le visa russe. 3) je pouvais rester 60 jours en Chine continentale. 30 jours avec la 1ère entrée et re 30 jours avec la 2ème entrée. En théorie, bien sûr, car je ne comptais pas rester plus de quatre semaines vu que j’avais encore les 2/3 du tour monde à faire après. De plus, la 2ème entrée devait se faire avant la date de validité du visa soit le 20 mars 2019. Donc si je voulais passer des jours en plus des 30 jours autorisés, il aurait fallu que je sorte du pays et re rentrer le 20 mars au plus tard. Et 4) Les Chinois demandent plus d’informations personnelles que les Russes mais sont moins pointilleux pour les dates d’arrivée et de séjours autorisés. Donc au final, ils étaient moins pénibles que leurs homologues. Et plus précis : date de retrait du visa annoncée le 28 décembre et je l’ai effectivement récupéré à cette date.
Petite anecdote : j’avais eu un aperçu de ce que je subirai en Chine. Avec mon physique asiatique, ils me prenaient pour un Chinois et j’avais eu droit à de très beaux “Nǐ hǎo !” aux trois comptoirs auxquels j’étais passé : accueil, dépôt du dossier et paiement. Ce à quoi je répondais par un non moins magnifique “bonjour !” et ils comprenaient en souriant que j’étais Français. Mais en Chine, ce ne serait pas la même.