Le tour du monde avait été un de mes plus vieux projets et j’étais évidemment heureux d’avoir pu le réaliser. Les circonstances n’avaient pas été idéales mais elles ne l’auraient jamais été. J’étais un peu serré niveau temps et un ou deux mois supplémentaires n’auraient pas été de trop. J’aurai pu souffler un peu plus et voir évidement plus de choses. Cependant, en quatre mois, j’avais réussi à visiter beaucoup de lieux différents avec des conditions météos très variables, sans être au pas de course. Malgré les quelques galères inévitables, j’avais pu tenir mon planning prévisionnel et mon itinéraire dans les grandes lignes avec juste quelques modifications intermédiaires et je dois reconnaître que j’en suis assez fier. Avec les imprévus, j’aurai pu avoir beaucoup plus de difficultés.
Bien que relativement court, le voyage a été long, intense et physiquement éprouvant. Les derniers jours avaient été assez difficiles avec la fatigue cumulée. Pour ne rien arranger, j’avais une certaine lassitude qui commençait à me gagner. Ma “pause” à Tokyo n’avait pas été reposante au final. Physiquement, j’avais pris un peu cher. A mon arrivée au Canada, j’avais perdu plus de 10 kg. Je ne mangeais pas beaucoup, certes, mais je n’étais suis pas débile non plus : quand j’avais faim, je mangeais. C’était plus le rythme et les marches qui me faisaient énormément dépenser. J’ai repris un peu de poids au Canada et surtout aux États Unis, où la nourriture était plus riche en gras et en sucre. Mais j’avais aussi loué une voiture dans ces pays et je marchais alors beaucoup moins. Pendant toute la partie Route 66, je passais le plus clair de mon temps en conduite. En dépense physique, ce n’était pas énorme. Mais arrivé à Boston, je flottais toujours dans mon pantalon.
Pour le matériel, la très grande majorité n’a pas résisté au voyage avec des traces d’usures. Cependant, vu les traitements auxquels il était soumis, ce n’était pas une usure anormale. La sacoche photo en tissu en revanche n’avait pas été une très bonne idée. Niveau poids, c’était une bonne chose mais elle n’était clairement pas suffisamment solide : plusieurs fermetures éclairs avaient lâché et il y avait plusieurs trous aux zones de frottements. De plus, elle n’amortissait pas assez les chocs. C’était une bonne sacoche pour plusieurs jours mais pas plusieurs semaines/mois. Pour les photos, je suis satisfait. Mais je suis un peu frustré de ne pas avoir pensé à prendre un filtre polarisant avant mon départ. La différence entre mes 1ères photos et les dernières est flagrante et beaucoup de Russie ou de Chine auraient été plus belles. Je regrette un peu aussi de ne pas avoir pris plus de photos des personnes que j’ai rencontrées. J’étais plus concentré sur les paysages que sur les personnes et c’était une erreur. Celles que j’ai rencontrées ont fait partie de mon voyage et à ce titre, ils méritaient amplement que je les prenne en photo.
Si je devais refaire ce voyage, je modifierai plusieurs points :
– un polaire plus chaud (j’avais dû acheter un gilet supplémentaire en Mongolie). Ou alors le même polaire mais envoyer le gilet en France directement après l’étape Mongolie pour éviter un encombrement et un poids inutile. Je ne l’ai pas mis de tout le reste du voyage (sauf pendant les nuits dans la voiture à Page et à Kayenta…).
– des chaussures à ma pointure (Moscou aurait été plus agréable…).
– le matériel photo : un boitier tropicalisé, un filtre polarisant et une sacoche plus solide.
– casque audio : des coussinets de rechange.
– un carnet de voyage plus gros, 160 pages n’avaient pas été suffisantes.
– plus que 2 savons, j’avais du acheter du gel douche en cours de route.
– étape en Chine plus courte (ou carrément ailleurs à la place), plus de temps en Russie (avec des dates pour le visa plus espacées) et en Mongolie.
– surtout pas Monabanq…
– 1 ou 2 journées en plus pour la route 66, un duvet et plus de nuits sur les parkings (à 40 – 50 $ la nuit dans les motels, ça faisait beaucoup).
– 1 batterie externe.
– pas de lampe frontale. C’est la seule chose que je n’ai quasiment pas utilisée.
– penser à inclure les frais de déplacement inter pays dans le budget prévisionnel…
Bilan financier :
Dépense total : 7615 €, décomposés de la façon suivante :
Transport : 3595 €
Hébergement : 1640 €
Nourriture : 840 €
Visites : 480 €
Souvenirs : 167 €
Divers : 114 €
Tabac : 150 €
Équipements supplémentaires : 512 €
Pharmacie : 15 €
Communication : 60 €
Frais bancaire : 42 €
Sans surprise, les frais les plus importants ont été le transport et l’hébergement qui représentaient plus de 68 % des dépenses..
J’ai dépassé de plus de 1 500 € ma prévision à 6 000 €. Je l’avais déjà soulevé avant mais j’avais fait une erreur assez débile : je n’avais pas pensé à inclure les frais de transports entre les pays. Mon évaluation s’était basée uniquement sur les frais sur place.
Voici les dépenses de déplacements d’un pays à l’autre dans le détails :
France – Russie : 119,98 € (avion)
Russie – Mongolie : 39,52 € (train)
Mongolie – Chine : 105,39 € (train)
Chine -Hong Kong : 9,38 € (train)
Hong Kong – Corée : 121,99 € (avion)
Corée – Japon : 79,99 € (avion)
Japon – Canada : 682,99 € (avion)
Canada – USA : 39,26 € (train)
USA – France : 314,90 € (avion)
Cela fait un total de 1513,40 €, soit pratiquement l’écart que j’ai eu avec mon budget prévisionnel. Ce qui signifie également que mes frais de transports locaux en incluant les locations de voitures ont été de 2 000 €. En enlevant ce montant, j’avais un total de dépense de 6 100 € donc un peu plus de 100 € de dépassement, soit 1,67 %. Je ne m’en étais pas trop mal sorti. En revanche, cette erreur aurait pu me coûter cher car j’avais quand même plus de 1 500 € de frais mal anticipé. Heureusement, j’avais un peu de marge. J’avais prévu une enveloppe de 2 000 € pour mon retour en France et j’avais conservé un montant supérieur avant mon départ. J’avais pu donc utiliser ce surplus pour la fin de mon tour du monde mais ce fut juste.
Pour la question classique, le lieu que j’ai préféré a été Antelope Canyon Upper. Je n’ai rien vu d’aussi impressionnant, les jeux de couleurs avec les rayons du soleil sur la roche étaient magnifiques. Le lieu que j’ai le moins apprécié a été les rizières dans le Yunnan, en Chine. Mon pays préféré a été le Canada et ses Rocheuses, de peu. Les autres pays m’avaient beaucoup plus aussi. Excepté la Chine. J’ai détesté ce pays.
Pour finir, un petit point statistique :
– nombre de jours parti : 114
– nombre de kilomètres parcouru environ : 40 000 km
en avion : 14 500 km
en train : 10 500 km
en bus : 5 600 km
en voiture : 6 600 km
en bateau: 200 km
à pied : 1 700 km
à vélo : 30 km
métro/bus ville/Uber : 100 km
– nombre de photos : environ 7500 (moitié moins que prévu ^^, évidemment tout n’est pas sur le blog)
– nombre de blessures : 3
– nombre de fois malade : 1
– poids max perdu : plus de 10 kg
– poids sac à dos départ et arrivée : 7,5 kg et 10 kg. Poids max durant le voyage : plus de 12 kg.
– chose la plus improbable : retrouver mon téléphone volé.
– nombre de nuits blanches : 3
– température la plus basse rencontrée : – 30°C
– température la plus haute rencontrée : + 31 °C
– altitude la plus haute : + 2600 m (Chine)
– altitude la plus basse : – 85 m (Death Valley)
– matériel ayant résisté à l’intégralité du voyage : le sac à dos principal, les lunettes, les clefs usb, un câble, l’adaptateur électrique et la montre.
Petit aparté : la déprime post voyage.
Alors, ne rigole pas, c’est une chose qui arrive relativement souvent aux personnes qui reviennent d’un long voyage. A passer beaucoup de temps à l’étranger, on se déconnecte et le retour à la vie quotidienne et sa “routine” peut faire un contre choc culturel. Souvent mal perçu et incompris des proches, on peut paradoxalement se sentir seul et isolé pendant cette période de réadaptation. La perte de morale peut paraître exagérée par l’entourage. Pour eux, leur vie a continué sans toi. Il arrive parfois que les proches se vexent de te voir te plaindre de ta routine. Leur vie étant sur ce modèle, ils peuvent penser que tu la considères comme inintéressante. Ce qui n’est pas le cas. Dans le même esprit, si tu veux raconter ton voyage, tu te trouves face à des personnes qui n’y tiennent pas plus que ça. Un tour du monde est souvent perçu comme de longues vacances donc souvent, les questions se limitent à “Alors, c’était bien ?” et on passe à autre chose. Ce qui peut être frustrant pour certains qui voudraient parler plus longuement de ce qu’ils ont vécu.
Pour ma part, j’ai la chance de ne pas déprimer facilement. Il faut une accumulation de choses négatives pour que mon moral chute en flèche. J’essaie d’être pragmatique et je suis rarement nostalgique des choses passées. Pour les voyages ou les vacances, une fois rentré, je me dis “Ok, c’est fini. Je passe à autre chose”. Pour le tour du monde, ce fut pareil : mon retour était programmé dès mon départ donc pendant tout le voyage, je savais quand je rentrais et ce que j’allais faire. Ensuite, j’avais toujours mon appartement avec les charges qui tournaient tous les mois donc je n’étais jamais entièrement déconnecté de ma vie quotidienne. Enfin, j’ai la chance d’avoir pas mal d’occupations qui me permettent d’avoir l’esprit occupé donc de base, je ne m’ennuie jamais. Néanmoins, je ne savais pas du tout comment j’allais supporter mon retour. Le maximum que j’avais fait était un mois en Angleterre donc je n’avais pas vraiment de références pour anticiper ma réaction. En ce qui concerne mes discussions avec mes proches, j’avais prévenu avant mon départ que j’en parlerai très peu à mon retour. Donc mon entourage savait à quoi s’en tenir. Idem pour les photos, juste quelques rares personnes ont pu en voir l’intégralité avec les explications complètes et ça s’est fait sur plusieurs séances étalées sur des mois. Pour les autres, je les avais publiées sur Facebook et elles avaient tout le loisir de les voir à leur rythme si ça les intéressait.
Au final, je n’ai pas eu de déprime post voyage, ce qui est une bonne chose.