Localisée à la pointe sud est de Corée, Busan est la 2ème ville du pays avec plus de 4,5 millions d’habitants et le 1er port. Au niveau historique, elle a joué un rôle important durant la guerre de Corée : une bataille au large empêcha un débarquement nord coréen et permis la création d’un point d’entrée aux renforts de l’ONU. La zone étant sous contrôle sud coréen en permanence, elle fut relativement épargné des combats et Busan eut beaucoup moins de destructions que les autres villes. Très entendue, j’avais prévu d’y rester 3 jours complets pour y faire le tour. Kakao, le coréen rencontré à Séoul, m’avait donné beaucoup de conseils sur la ville. Il y allait tous les ans en vacances donc il connaissait assez bien.
J’avais pris le train depuis Gyengjju et j’étais arrivé en moins de 2 heures. Mon arrêt n’était pas à la gare de Busan mais une station avant, à la gare Sinhaeudae, au nord est de la ville. Mon auberge était à proximité de la plage Haeundae, la plus grande de Corée. J’ai traversé les quartiers Jwa et Jung pour rejoindre la côte , près de Cheongsapo. De là, j’ai suivi une ancienne voie ferrée qui longeait la mer. Ballade atypique sur les voies, il y avait des points de vues sympa. De là, j’avais atteint la plage Haeundae. Pas grand chose à dire sur cette plage, très grande étendue de sable. La saison touristique n’avait pas encore vraiment commencé donc la plage était encore relativement vide. En pleine saison, elle est remplie de chaises longues et de parasols qui gâchent tout. Des immeubles immenses étaient en construction du côté nord est. Le touriste étant ce qu’il est, la plage était aménagée et bordée d’hôtels et d’immeubles. Heureusement, ils n’étaient pas au niveau du sable non plus. Je ne suis pas fan des plages en ville, je trouve que ça dénature les sites. Je ne m’y suis pas attardé. Il y avait une autre grosse plage plus loin au sud mais idem, je n’avais fait que la traverser quand j’y étais passé. A la pointe sud ouest, on pouvait voir une statue d’une petite sirène dans la mer. Un chemin pas désagréable (avec un pont suspendu) faisait le tour de l’avancée.
Je suis arrivé à mon auberge de jeunesse en milieu d’après midi. Elle était à environ 2 ou 300 mètres de la plage, dans une petite rue. Le quartier était sympa, avec beaucoup de bar et de restaurants. Il y avait la rue Guna à proximité, très large, qui était LA rue pour touristes. Mais dans les petites rues aux alentours, il y avait moyen de trouver des coins plus “authentiques”. Le quartier était excentré du centre et j’avais du parfois prendre le métro.
La pièce commune de l’auberge était relativement grande au rez de chaussée et j’étais dans un dortoir de 8 lits superposés. J’y ai rencontré un Allemand qui avait une guitare, une harpe et un didgeridoo. Il en jouait de temps en temps dans la rue. Il habitait Taïwan et était venu passer quelques semaines en Corée. J’ai fait aussi la connaissance d’une Chinoise ainsi que des Russes. D’ailleurs un petit détail : il y avait beaucoup de Russes à Busan. Apparemment, une partie de la population était également d’origine russe. J’en avais croisé un groupe dans le centre ville qui me demandaient la localisation d’un distributeur mais quand j’avais commencé à répondre en anglais, ils m’avaient coupé avec un “no english ! Russian !”. Comment les avais je compris s’ils ne parlaient pas anglais me demanderas tu ? Facile, en anglais, les distributeurs se disent “Automated Teller Machines” ou ATM. Donc dans de nombreux pays, les distributeurs sont également indiqué avec “ATM” (excepté en France. Du moins, je n’en ai pas remarqués). Donc même si tu ne parles pas anglais, ATM est un terme que tu es obligé de connaître si tu voyage un peu. Et quand quelqu’un te demande “ATM ?”, tu comprends forcément.
Les Russes de l’auberge m’expliquaient que la plupart des touristes Russes venaient pour les casinos et la plage. Eux même passaient la journée à dormir et les nuits aux casinos. Ils me disaient qu’il y en avait un qui était passé plus de 30 heures à jouer. Mais ils jouaient pour le plaisir de jouer, pas pour le gros lot. Il y en avait qu’un seul qui parlait anglais donc il me servait d’interprète avec les autres. Petit anecdote : il y en avait un qu’ils surnommaient “Russian Einstein”. C’était ironique. Apparemment, il était assez habituel qu’il parle beaucoup. “L’interprète” était barman à Moscou. Il m’expliquait que parler anglais était obligatoire pour pouvoir l’être. Le 3ème soir, la chinoise avait préparé un genre de makgeolli, un alcool coréen à base de riz fermenté, qu’elle nous servait chaud. On avait enchaîné avec de la vodka (bah voui, avec des Russes, tu t’attendais à quoi ?) mais qui venait d’Italie. C’était un peu fort pour la Chinoise, elle a fini la soirée bourrée. Pas au niveau du Chinois à Lijiang quand même. Elle avait pas mal voyagé et avait prévu de rester 4 ou 5 ans en Corée. Elle était également pratiquante de la médecine traditionnelle chinoise et vivait suivant ces principes. Notamment avec le fait que le corps suivait le rythme des quatre saisons dans la journée. Par exemple, la tranche 3 h – 9 h correspondait au printemps.
Le marché Jagalchi
Comme son nom l’indique, c’était un marché côté de la station Jaglachi au bord d’un des ports de Busan, près du centre ville dans le quartier Nampo. Avant d’y aller, j’avais fais un petit tour près du port à proximité. Il était un mélange de stands de rue avec des échoppes sur les trottoirs et un immense bâtiment où des étals s’accumulaient le long de grandes allées carrelées. A l’étage, il était possible de s’y restaurer parmi d’autres échoppes qui vendaient plutôt des produits séchés. La quantité de poissons, de crustacés et de mollusques en vente était impressionnante. On pouvait trouver également des algues. Je m’étais fais la réflexion en voyant tout ça que l’humanité prélevait une part incroyable de ressources quotidiennement de la mer. Ce n’était qu’un seul marché, en multipliant par les millions de ports à travers le monde, ça donnait le tournis à en imaginer le nombre. En parcourant les allées et les rues, j’y ai vu des poissons ou des mollusques que je ne connaissais pas. D’autres à des échelles que je n’avais jamais vu : des moules ou des crevettes énormes, des limaces de mer de la taille d’un bras…
Un petit aparté sur les myxines : ce sont des poissons tout allongés, un peu comme des anguilles, mais sans colonne vertébrale malgré un crâne. J’en voyais un peu partout : dans les marchés mais aussi dans des aquariums des devantures de certains restaurants. C’était un poisson très consommé. Dans le marché, il y en avait évidemment. Mais elles étaient soit vivantes dans de l’eau et soit mortes, à l’air. Les mortes étaient déjà écorchées, la peau extrêmement solide ne se mangeant pas. J’ai appris dans mes recherches que la peau était utilisé en tannerie. Si tu trouve des sacs à main en Corée (ou ailleurs) estampillés “cuir d’anguille”, c’est en fait de la peau de myxines. J’ai assisté à une vente (de poissons, par de sac à main). La vendeuse prenait les myxines dans l’eau et les écorchait vivantes avant de les mettre dans un sac en plastique… La peau s’enlevait très facilement. Les restantes, elle les mettaient avec les autres à l’air. Ce qui voulait dire que celles je croyais mortes étaient en fait encore vivantes. Confirmé par le fait qu’elles bougeaient encore. J’ai trouvé ça moyen et ça m’avait un peu gêné. Je pensais qu’au moins les bestioles étaient tués avant d’être écorchées… De plus, rester écorchées à l’air n’était pas une agonie très agréable.
Le parc Taejongdae
Suite aux conseils de Kakao, j’avais un tour au parc Taejongdae qui était sur une île à la pointe sud est de Busan. Un peu loin du centre ville, j’avais pris un bus pour y accéder (tarif unique, 1200 W). L’entrée était à priori payante mais j’ai du louper les guichets car je n’avais rien vu. Il n’y avait pas non plus de point de contrôle où j’aurais pu demander où acheter un ticket. Bref, j’ai suivi la route et je suis entré. Le parc était une zone qui couvrait la partie sud est de l’île et un autre parc, d’attraction cette fois, avec des manèges occupait une partie du nord. Je suppose que c’était son accès qui était payant. Une route y faisait une boucle en longeant la mer côté sud. Des navettes circulaient régulièrement pour déposer les touristes aux différents points d’intérêts mais il était possible de parcourir l’ensemble à pied, le long de trottoir. En partie sous une forêt de sapin, le site était agréable. Il y avait un temple, un peu en retrait de la route ainsi qu’un monument dédié à une unité spéciale de l’armée qui s’était distinguée en Corée du Nord, lors de la guerre de Corée. Il y avait un point d’observation d’où il était possible d’apercevoir le Japon avec l’île Tsushima à une cinquantaine de kilomètres. Malgré le ciel dégagé, je n’avais pas réussi à la repérer. J’ai quitté le parc par le côté ouest et j’ai continué à longer la côté ouest jusqu’au pont Yeongdo. Il faisait beau, il y avait pratiquement personne, j’était bien. A la sortie du pont, j’ai rejoint le Lotto Mail, qui était un immense centre commercial avec entre autre, un supermarché. Ils faisaient des promotions sur les produits frais après 18h30. J’en ai profité pour m’acheter quelques kimpabs à -20%.
Gamcheon
Il s’agissait d’un village à l’ouest du centre ville, derrière une montagne. Construites sur la pente, les maisons surplombaient la mer et étaient majoritairement décorées de couleurs vives qui formaient un genre de mosaïque vu de loin. A l’origine, c’était un refuge pour les populations fuyant la guerre. Quartier pauvre de Busan, il est devenu extrêmement touristique et ses habitants sont principalement des artistes qui ont transformés une bonne partie des habitations en ateliers. A l’origine, je ne voulais pas aller là, je cherchais plutôt le quartier Anchang que je savais moins touristique et plus authentique. Mais impossible de le trouver sur les cartes et absolument personne ne connaissait ce nom (toujours ces problèmes de transcriptions…). Du coup, je m’étais rabattu sur Gamcheon. Des lignes de bus permettaient d’y aller en quelques minutes mais j’ai préféré y aller à pied depuis le centre ville. Il y avait un chemin de randonnée depuis le quartier Ami qui passait par dessus la montagne, dans la forêt. Ballade tranquille, j’en avais eu pour environ 1 heure de marche. Gamcheon avait une rue principale qui traversait le village en un arc. Mais en parcourant les autres ruelles, il y avait beaucoup moins de monde et j’avais une légère illusion d’un petit village coloré. Caché dans une impasse non loin du marché couvert, j’ai trouvé un tout petit restaurant. J’y ai pris un bibimbap, un plat à base de riz dans un bol avec de la viande, un oeuf et des légumes. J’ai eu droit aux classiques kimchis aussi. Je m’étais plus ou moins fait engueuler : j’avais commencé à manger mon bibimbap sans mélanger. Que n’avais je fait ! La femme m’a stoppé en criant (pas méchamment, hein. Juste en mode “oh, mon dieu ! Non, pas comme ça !”) et elle m’a tout fait mélanger. En soi, je m’en fichais que ça soit séparé ou mélangé… En dehors du côté très touristique, le village était intéressant. En plus des façades colorées, on pouvait voir de nombreuses fresques ainsi que des marches peintes. Des poissons géants indiquaient plus ou moins la direction des points d’intérêts. La rue principale regorgeait évidemment de boutiques en tout genre mais on pouvait trouver des curiosités comme le Grand Budapest Doll Hotel. Petit détail : si tu sors de la rue principale, prépares tes jambes : les pentes étaient parfois assez raides.
Je suis reparti au début d’après midi (quelques heures avaient suffit pour y faire le tour) et j’ai rejoint le centre ville à pied, en prenant la route. J’étais redescendu vers le sud et je suis passé par le marché Kkangtong, qui était fermé (nocturne, il n’ouvrait pas avant 19 h 30) et Gukje qui était ouvert. Mais je n’y suis vraiment pas resté longtemps non plus, c’était un immense marché aux puces. C’était un peu comme les tumulus à Gyeongju : aux premiers marchés, il y a la curiosité qui primait, au bout du 20ème, j’étais blasé. A peu de choses, on y trouvait la même chose que dans les autres marchés. Pratique uniquement pour la street food. J’ai rejoint ensuite la gare de Busan d’où j’ai pris le bus pour le cimetière du mémorial des Nations Unies. Le bus m’avait arrêté à proximité du musée de Busan et d’un rond point dominé par un monument imposant des Nations Unies et des drapeaux. En longeant la route par le nord est, je suis arrivé dans un square où des sculptures d’artistes de différentes nationalités étaient exposées. Il y avait une signification mais je ne m’en souviens plus (et je ne l’avais pas noté non plus). Le cimetière était fermé, je n’ai pas pu le “visiter”. En soi, parcourir les allées le long des tombes ne m’intéressait pas plus que ça mais j’étais curieux de voir l’unique cimetière des Nations Unies.
Bref, l’après midi touchant à sa fin, je suis rentré à l’auberge en longeant la côte et en passant par la plage Gwangalli. De là, il y avait une assez dégagée sur le pont Gwangan. Evidemment, je me suis perdu en cours de chemin. Après la traversée de la rivière Suyeong, j’avais réussi à louper l’avenue qui allait vers la plage Haendae. En fait, je pensais être passé par le pont le plus au sud, mais j’étais passé par le 2ème. Pas grave, j’avais juste perdu un peu de temps mais je n’étais pas particulièrement pressé. J’ai pu passer par le musée d’art de Busan (qui était fermé) avec la vision d’une superbe théière (ou bouilloire ?) géante au milieu d’une pelouse. Décidément, il faudra un jour que je prenne des cours d’analyses d’arts contemporains… En déambulant dans les ruelles, j’ai fini par rejoindre l’auberge. J’avais marché environ 30 km dans la journée. Ce fut l’une des plus grosses de mon voyage.
Ami
Quartier de Busang à l’ouest du centre ville, il était tout en pente avec également certaines façades de maisons colorées ou décorées de fresques. J’y retrouvais une caractéristique de Busan avec les escaliers et les marches décorées. De loin, les parties verticales formaient une fresque ou un tableau. Une petite route traversait le quartier pour rejoindre Gamcheon. Pendant une petite portion, elle était bordée d’un muret décoré de minuscules maisons.
Anchang
L’équivalent de Gamcheon en beaucoup moins touristique. Je n’arrivais pas le localiser mais au 3ème jour, j’avais enfin réussi à le trouver. En fait, il était au nord du quartier Ami (d’où on pouvait le voir d’ailleurs) et au nord ouest de la station Toseong. Beaucoup plus petit que Gamcheon, ses ruelles étaient aussi beaucoup plus étroites et il n’était pas rare de se retrouver dans une impasse au détour d’un minuscule escalier. Il y avait également des façades avec des fresques. Busan avait apparemment des projets de valorisation de ce village et des aménagements étaient en cours. Notamment un parcours avec des pontons qui traverserait toute la zone à terme. Une partie était accessible avec des plans du quartier.
Après 3 jours et demi à Busan, j’ai pris le bus pour Jeonju. Ce n’était pas très loin de Busan et plusieurs lignes quotidiennes étaient disponibles. Je n’avais donc pas réservé. La gare routière était relativement loin de l’auberge, à l’ouest. Il m’avait fallu environ 1 heure et demi donc une bonne heure de métro. Ma carte Rail+ n’était pas acceptée, j’ai payé en espèce, 24 400 W (18,65 €). Mon bus était pour 12h30, j’avais un peu de temps devant moi. J’ai un tour du quartier. Mais je n’avais rien vu de vraiment intéressant. Je me suis donc posé dans un espace ombragé avec des bancs et des livres en libre service, comme une espèce de mini bibliothèque à ciel ouvert.