Mokpo

Mokpo est une petite ville portuaire à l’extrême sud ouest de la Corée. Au départ, je n’avais pas prévu d’y aller mais mes modifications d’itinéraires m’avaient poussé à trouver un port de départ pour l’île Jeju. De Jeonju, Mokpo était le plus près. Par ailleurs, la ville servait de départ pour rejoindre d’autres petites îles. Je n’avais donc fait aucune recherche avant d’arriver et mon idée était d’y passer juste une nuit pour prendre le ferry le lendemain. Finalement, j’y suis resté deux nuits.

Après 3 heures de route et 2 arrêts, je suis arrivé dans la ville en début d’après midi. La gare routière était relativement loin du centre ville et de mon auberge, au nord est. En prenant mon temps (et en traversant un mini parcours de golf dans un parc, entre autres), je suis arrivé à l’auberge vers 15 h. Elle s’appelait “Mokpo Norway guesthouse”, j’étais curieux de ce qu’ils entendaient par “Norway”. En fait, il y avait “juste” un drapeau norvégien sur la façade verte et les chambres avaient un nom de ville de Norvège. J’étais dans la chambre “Bergen”, par exemple, une chambre de 4 lits superposés. La salle de bain/wc était sur le palier. Comme d’habitude, les sandales étaient obligatoires à partir du palier. Le rez de chaussée était un café/bar avec une zone réservée aux clients de l’auberge. A chaque étage, il y avait une cuisine commune et un frigo dans lequel ils mettaient nos assiettes du petit déjeuner. On les descendait ensuite pour manger dans le café où on avait du café instantané ou du thé en libre service.

 

La fille de l’accueil parlait anglais, difficilement. Elle cherchait beaucoup ses mots et c’était très hésitant. Mais ce n’était pas dérangeant, bien au contraire, et elle était très sympa. Elle avait été à Kobe et Osaka et elle avait prévu d’aller à Jeonju pour le festival de film annuel qui se déroulait en mai (on était fin avril). Elle m’a également expliqué que la haute saison touristique commençait en mai. Elle repartait chez elle le soir (après 22 h) et une autre personne venait la remplacer pour préparer les assiettes du petit déjeuner pour le lendemain. Elle repartait ensuite si bien qu’on se retrouvait seuls. A partir d’une certaine heure, on ne pouvait plus entrer ni sortir par la porte principal mais par la porte arrière qui avait un code. Le 1er soir, j’étais installé dans le café avec mes notes quand elle est repartie. Malheureusement, la personne la remplaçant n’était pas arrivée et je suis resté seul pendant une demi heure. Un jeune touriste est ensuite arrivé par la porte de derrière. Il connaissait le code donc je ne m’étais pas plus inquiété que ça. En fait, il avait réservé pour la nuit et il était arrivé en retard (très) pour le check in. Il connaissait le code car il était déjà venu quelques jours auparavant. Donc, je me suis retrouvé à faire son check in vu qu’il n’y avait personne d’autre. Il avait bien sa réservation et sa nuit avait été payée d’avance donc il n’y avait pas de problème. Je l’ai mis dans la même chambre que la mienne. La remplaçante est arrivée un peu plus tard, elle était étonnée que je sois toujours debout et toujours dans le café : il était presque minuit. Du coup, je lui ai expliqué le coup du touriste arrivé en retard et elle a préparé un petit déjeuner supplémentaire. Il y avait également une femme mais à l’étage inférieure et je ne l’avais pas vu de la soirée. Je le savais car il y avait ses chaussures sur le palier. Le touriste était un Belge qui revenait d’une semaine sur l’île Jeju et il repartait le lendemain à Séoul. Très sympa, il m’avait donné un plan de l’île avec les itinéraires de randonnées.

J’ai fais la connaissance de la femme le lendemain matin. Elle était déjà attablé au petit déjeuner et je ne lui avait rien dit à partir “bonjour”. Elle était dans son guide à préparer sa/ses journées et je ne voulais pas la déranger. De plus, le matin, je ne suis pas très bavard quand je viens de me lever. Après le petit déjeuner, j’étais sorti fumer par la porte de derrière et je m’étais retrouvé coincé. Le code ne fonctionnait pas. Non, je ne m’étais pas trompé de code mais il y avait quelque chose que je faisais visiblement de travers. Le Belge, qui était descendu entre temps, m’a finalement ouvert en entendant que je galérais. La femme avait fini avec son guide et elle était très ouverte à la discussion. Quant à moi, j’avais fini d’émerger donc ça ne me posait pas de problème. C’était une Anglaise d’une soixantaine d’années et chaque année depuis quelques temps, elle se faisait un voyage de plusieurs mois toute seule. Elle avait prévu de rejoindre une amie quelque part en Asie du sud est mais elle allait passer quelques semaines en Chine auparavant. Très rigolote, elle était du genre à voyager à l’arrache, même pas peur. Je lui avait prévenu qu’ils ne parlaient pas beaucoup anglais en Chine et qu’il serait parfois difficile de communiquer. “Perfect !” m’avait elle répondu.

Le 2ème soir, j’étais seul dans le café, à part 4 Ajummas qui étaient venues y passer la soirée. Ce ne fut pas calme.

Mokpo n’était pas extrêmement touristique. Les gens venaient surtout pour  y prendre le ferry pour rejoindre les îles. Cependant, il y avait tout de même de quoi faire dans la ville. L’après midi de mon arrivée, j’avais fais un tour dans le centre et le sud de la ville. Il faisait beau, j’en avais profité un peu, notamment dans le quartier Manho avec un temple au sommet d’une colline qui donnait une vue assez dégagée sur la ville et le port. J’ai été inspiré car le lendemain, j’avais eu de la pluie une bonne partie de la journée…

 

La 2ème journée, j’avais décidé de faire une petite randonnée sur la montagne Yudal, qui dominait Mokpo. Des chemins de randonnées (et des escaliers) y étaient aménagés. Bon,  avec la pluie et les nuages en hauteur, c’était un peu raté pour la vue mais la balade était sympa. Cependant, je n’ai pas pu continuer la montée, il y avait un passage assez chaud pour mon vertige. J’ai du donc redescendre vers le nord ouest, en traversant des espèces de parcs assez jolis mais avec des sculptures parfois insolites. De là, j’avais rejoint la côte nord ouest via le parc no eul gong won puis en remontant vers le nord, j’avais coupé vers la mairie puis rejoint le front de mer au sud, au sud est du quartier Sang. J’avais noté qu’il y avait un spectacle de jets d’eau dans la mer, en face du square Pyeonghwa. Mais j’étais arrivé beaucoup trop tôt, il était prévu pour 20 h. Avec le crachin, je n’avais pas eu la patience d’attendre jusque là. J’ai ensuite longé la côté vers l’ouest en passant devant les rochers Gatbawi. C’étaient deux rochers érodés par la mer formant (avec beaucoup d’imagination) deux silhouettes avec un chapeau.  Le chemin au bord de l’eau (ou à proximité) était dans l’ensemble assez agréable malgré l’alternance de pluie/crachin/accalmie. J’ai ensuite rejoint l’auberge en fin d’après midi, peu après 18 h où j’y ai passé la soirée. J’aurai pu faire un tour dans le centre ville de nuit, apparemment il y avait certaines rues où les éclairages pouvaient valoir le coup mais j’avais un certain nombre de choses à régler (des problèmes de billets d’avion entre autres).

 

En soi, on pourrait se dire qu’il n’y avait pas grand chose à faire à Mokpo. Oui et non. Le plus gros problème je dirais, c’est que les points d’intérêts étaient courts. La randonnée m’avait pris une bonne heure et si j’étais monté au sommet, peut être que j’en aurais eu pour 2 heures aller/retour. Il y avait quelques musées qui étaient relativement petits donc qui se visitaient probablement assez rapidement aussi. Les rochers Gatbawi étaient effectivement une curiosité mais il n’y avait pas de quoi rester 10 minutes non plus.

J’avais une dizaine de cartes postales à envoyer (tu te souviens des enveloppes à Jeonju ?), j’étais donc allé à la poste le jour de mon arrivée. C’était un peu juste, elle fermait le lundi à 16 h 30 et j’étais arrivé à l’auberge peu après 15 h. Heureusement, elle était assez proche et j’y étais peu après 16 h. J’ai eu de la chance, la fille au guichet parlait anglais et elle avait compris assez rapidement. En revanche, mes enveloppes A4 coupées en deux et le nombre l’avaient faite marrer ainsi que son collègue. Elle n’était clairement pas habitué à voir un touriste envoyer autant d’enveloppes à la fois. Pourquoi n’avais je pas envoyé directement les cartes postales comme ça ? Parce que de manière générale, les cartes postales ne sont pas traitées en priorité et les délais sont plus longs. Parfois, l’affranchissement est même plus cher pour un poids identique sous enveloppe. J’en avais eu pour 6240 W mais j’avais compris 62400 W et je lui avais filé deux billets de 50 000, lui donnant une nouvelle occasion de se moquer gentiment de moi. Le truc, c’est qu’il me restait encore une enveloppe. J’avais perdu une adresse et j’avais passé une partie de la soirée ensuite à la retrouver dans mes mails. Du coup, j’étais retourné le lendemain à la poste. C’était la même fille que la veille. Elle m’avait tout de suite reconnu et avait rigolé avant même que je dise quoique ce soit. Elle avait même appelé son collègue qui était en arrière, en mode “Regarde, le Français d’hier est de retour !”. Du coup, je n’avais pas grand chose à dire à part “Encore une” en tendant l’enveloppe.

Ma dernière étape était l’île Jeju et j’avais lu qu’elle avait un statut spécial et que ma carte Rail+ n’y serait probablement pas acceptée. Ma première tâche a été d’aller à la gare pour la rendre et récupérer mon crédit restant. Personne ne parlait anglais, ça a été compliqué. J’ai dû discuter avec quatre personnes différentes dont deux qui travaillaient pour Rail+ pour arriver à me faire comprendre. Au final, en utilisant l’arrière de la carte où était écrit les modalités pour son utilisation, sa recharge et sa restitution en coréen, chinois, japonais et anglais, j’ai pu obtenir mon crédit restant. Je pensais que je devais restituer la carte mais ils me l’ont rendue… Ma deuxième tâche avait été de trouver le terminal des ferrys pour m’acheter un billet. Il n’était pas très loin de la gare, à la pointe sud de la ville. Le hall était vide et aucune information n’était disponible en anglais. Ce fut la fille de l’auberge qui me donna les horaires des bateaux ainsi que les jours de départ (j’avais dis qu’elle était très gentille ?). J’y suis donc retourné le lendemain. Il n’y avait toujours personne aux guichets. Il y avait bien quelques personnes dans des bureaux derrière mais bien qu’elles m’aient vu, elles ne semblaient pas vraiment réagir. Au bout d’une demi heure, je suis allé cherché le gardien qui était dans son bureau, près de l’entrée. Il ne savait pas non plus où je pouvais acheter un ticket. Du coup, il m’a accompagné aux bureaux derrières les guichets pour leur demander. Il fallait que j’aille à l’étage. Absolument rien n’était écrit en anglais, j’étais assez étonné. Que Mokpo n’était pas une destination extrêmement touristique et que l’anglais n’y était pas trop utilisé, je comprenais très bien. Mais le terminal était un port international ! Donc il aurait été logique d’y trouver un minimum d’indication en anglais. Bref, le gardien m’a accompagné à l’étage et  j’ai enfin pu avoir ma réservation. En fait, la réservation n’était absolument pas nécessaire. J’aurais très bien pu acheter mon billet au dernier moment. Quand j’y suis retourné pour mon embarquement, les guichets étaient ouverts au rez de chaussée et les gens achetaient directement, peu avant l’embarquement.

l’entrée du terminal

 

Le départ était prévu pour 9 h et l’embarquement commençait à 8h. Il y avait un groupe de militaires en exercice de sauvetage dans le hall d’attente, ça rajoutait un peu de bordel. J’avais pris un billet économique. La cabine était une vaste salle vide avec des tatamis et deux portes d’entrées. Il y avait des casiers pour y mettre les chaussures (en chaussettes ou pieds nus sur les tatamis) mais il n’y en avait pas assez. Du coup, les chaussures étaient accumulées aux portes. Un vieux m’avait demandé (en coréen) où il pouvait trouver des oreillers. Avec le langage des signes, j’avais réussi à le comprendre. Je lui ai suggéré d’aller voir dans les boutiques, dans la partie centrale du bateau. J’avais bien deviné : il est revenu quelques minutes plus tard tout content avec son oreiller. Du coup, il m’avait donné un pain fourré à la crème.

La “cabine” dans le ferry

 

9 heures était passé depuis un bout de temps et on n’était toujours pas parti. Une annonce en coréen avait été faite mais je n’avais évidemment rien compris. Au bout de quelques heures, j”étais allé voir un des membres naviguant. Il ne parlait pas anglais, c’est un passager qui m’a expliqué en servant d’interprète: il y avait un typhon sur notre trajectoire et on était bloqué au port. Il fallait attendre le feu vert des autorités pour partir. Du coup, on est resté une bonne partie de la journée au port. On ne pouvait évidemment pas descendre du bateau. Au dernier niveau, on pouvait être à l’extérieur sur les pontons et il y avait une salle assez grande où on pouvait se restaurer. Il y avait un genre de cafétéria et pour 8 500 W, on avait un repas complet. J’avais de quoi m’occuper (et stresser aussi) : mes problèmes de billets d’avions à cause de Monabanq n’étaient toujours par réglés. On est enfin parti vers 15 h. On avait eu de la chance, on aurait pu rester bloqué encore plus longtemps. J’ai quant même prévenu mon auberge à Jeju de mon retard probable. Après 4 heures de traversée dans le brouillard puis sous un ciel plombé, je suis arrivé sur l’île vers 19 h.

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