Le Grand Canyon est une gorge creusée par le fleuve Colorado dans le nord ouest de l’état de l’Arizona. Il s’étend sur plus de 450 km avec une profondeur moyenne de 1 300 mètres et une largeur variant entre 5 et 30 km. Creusé sur le plateau du Colorado, sa particularité repose sur les couches géologiques très visibles sur ses flancs et ses nombreux points de vue. Il a été inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1979. Le Grand Canyon est protégé sur une grande partie par le parc national portant son nom, crée en 1919. Paradoxalement, les eaux du Colorado sont soumises à l’activité humaine avec le barrage Hoover à Boulder à l’ouest et le barrage de Glen Canyon à Page au nord.
Le Grand Canyon se visitait principalement à trois points : north rim, south rim et west rim.
West rim n’était pas inclus dans le parc national. Il était le point le plus proche de Las Vegas et était géré par les indiens Hualapai. C’était à cet endroit qu’était construit le skywalk, une gigantesque passerelle en verre et en métal passant au dessus du canyon. Vu mon vertige, mon intérêt pour ce genre de truc était très faible. De plus, on avait là une nème conséquence du tourisme de masse que je n’appréciais pas trop. La structure peut être aussi élégante que possible, on reste avec une immense construction qui détruisait un site naturel. De plus, aux dernières nouvelles, ils avaient pour projet d’y construire un cinéma, un espace de rencontres (Tinder version Grand Canyon ?), un restaurant de luxe et un musée. Cela me rappelait un peu les chutes du Niagara côté américain : une zone de restaurants, boutiques et autres formes de loisirs dénaturant complètement le site. Histoire d’enfoncer le clou : les photos y étaient interdites, il fallait déposer ses affaires dans des casiers (gratuits) et il fallait débourser 16 $ minimum par photo souvenir standard sur le skywalk… Sans compter l’accès de base à 48 $ et à 67 $ minimum pour avoir le “privilège” de marcher sur la passerelle. Foutage de gueule ? Un peu. Comme tu peux t’en douter, je n’avais aucune intension d’y aller.
North rim était le point le plus au nord accessible par route. Pour le rejoindre, un énorme détour était nécessaire pour prendre une route empruntable uniquement de mai à octobre. Elle était fermée le reste du temps à cause de la neige. Beaucoup plus sauvage que les autres points, il était très peu visitée. Théoriquement, il m’intéressait le plus. Mais j’arrivais du sud et je n’avais pas le temps de faire le gros détour.
South rim était logiquement le point le plus visité. Avec le Grand Canyon village, le site était très aménagé et des navettes gratuites emmenaient les touristes aux différends points qui pouvaient être assez éloignés. L’accès coutait 35 $.
J’avais fait une très grosse erreur dans mes prévisions. J’avais passé une nuit à Flagstaff, à environ 130 km au sud. J’avais prévu deux grosses heures de visite sur le Grand Canyon pour rejoindre ensuite Page. Donc je ne m’étais pas pressé en trainant dans Flagstaff durant une bonne partie de la matinée. Si bien que j’étais arrivé sur le site vers 13 h 30. J’avais un peu tourné pour trouver une place de parking. Donc, 13 h30 + 2 h, ça me faisait 15 h 30 (16 h si je traînait un peu), ça me laissait largement le temps pour rejoindre Page tranquillement. Je suis reparti vers 18 h 30, et uniquement parce que j’avais plus de 230 bornes à faire…
En arrivant, j’étais allé au visitor center où j’avais récupéré un plan de la zone avec (entre autres) des itinéraires de randonnées possibles. Il y avait énormément de daims qui se baladaient tranquillement entre les parking et sur les routes. Peu farouches, ils étaient visiblement habitués à la présence humaine. Cependant, il était strictement interdit de les toucher ou de leur donner à manger. Les rangers des parcs nationaux ne rigolaient pas. Les principaux points de vue était reliées avec un service de navettes empruntant une petite route. Un chemin pédestre longeait plus moins le canyon et permettait également de rejoindre ces points. Pris un peu par le temps, j’ai pris une navette pour aller à l’ouest et revenir via le chemin. Je n’étais pas allé très loin : du visitor center à l’est, j’étais descendu à l’ouest du Grand Canyon village, au début de la randonnée Bright Angel. Cette randonnée, comme la plupart des randonnées dans le Grand Canyon, descendait dans la gorge jusqu’au Plateau Point, un promontoire surplombant le Colorado. D’après mon plan, il fallait compter deux jours de marche. C’était un peu surprenant. De toute façon, je ne comptais pas la faire en totalité. Je suis tout de même descendu. Au début, il y avait pas mal de monde mais ce n’était pas la cohue non plus. Plus je descendais, moins il y avait de personnes. Le chemin était agréable, il passait parfois à travers la paroi dans des mini tunnels mais il longeait le flanc du canyon la plupart du temps. Je me suis arrêté à la 1,5 miles resthouse soit après un peu plus de 2 km. Je m’étais donné un temps limite de descente pour avoir suffisamment de temps pour remonter et voir le reste. J’avais eu de la chance, il faisait très beau donc la visibilité était quasi parfaite. Sur le chemin, en descente ou en montée, j’avais croisé pas mal de personnes qui m’avaient demandé de les prendre en photo avec leur portable. Il était compliqué de faire des selfies avec l’arrière plan du canyon correct apparemment.
De retour au village, j’avais pris le south rim trail, un chemin longeant plus ou moins les bords. Très agréable aussi, il y avait parfois beaucoup de monde au niveau des points de vue mais la majorité des touristes prenaient les navettes donc le reste du temps, j’étais relativement tranquille. Peu avant le Yavapai Point, à l’ouest, il y avait une portion du chemin qui était nommé “trail of time”. C’était très intéressant : des fragments de roches sédimentaires correspondant aux différentes couches du canyon étaient disposés au bord du chemin et des panneaux expliquait l’histoire géologique du lieu. Chaque mètre parcouru correspondait à un million d’années. En m’arrêtant au Yavapai point, j’ai rencontré pas mal de Français. Tout d’abord un jeune couple. Je n’avais aucune envie de discuter avec eux mais j’avais surpris une partie de leur conversation. Ils se demandaient si c’était bien une rivière qu’ils apercevaient au fond du canyon et le mec avait fini par un ” Mais non, ce n’est pas possible” et la fille “Mais si ! On aperçoit de l’eau là bas !”. Je vais être très condescendant mais je ne pouvais pas laisser passer ça. Absolument tous les panneaux informatifs parlaient du Colorado. J’étais donc intervenu avec un “Euh… la petite rivière là bas, c’est le Colorado, hein. “. Du coup, contrairement à moi, ils étaient assez content de croiser un Français donc on a discuté un peu. Durant notre discussion, un autre groupe de Français nous avait entendu et étaient venus se joindre à la conversation. Environ d’une cinquantaine d’années, ils faisaient la route 66 en Harley. Ils avaient tout du motard dans les films : T shirt blanc avec un blouson en cuir noir, pantalon en cuir noir et des foulards rouges. Il ne manquait que les têtes de mort. Mais ce n’étaient pas de véritables motards. Ils étaient passé par une agence pour leur road trip et tout était organisé, en soi pourquoi pas. Ils n’avaient rien d’autre à faire qu’à rouler. Mais ils avaient un guide qui les guidaient (merci Sherlock !) en minibus dans lequel il y avait aussi tout leur bagages. Donc ils avaient tout le côté positif de la moto (et encore ! Avoir un minibus en leader dans un groupe de Harley, je ne trouvais pas ça très “Easy Rider”) sans se soucier du reste. Je l’ai déjà dit, chacun voyage comme il veut du moment que ça lui plaît. Mais ça me fumait de les voir se la péter avec leur histoire de Harley alors qu’ils voyageaient comme ça. De plus, l’un d’entre eux avait sorti ” De toute façon, en dehors du trajet Albuquerque – Las Vegas, la route 66 il n’y a rien à voir.”. J’étais à deux doigts de le baffer. J’en parlerai dans la partie route 66, mais elle ne passait pas du tout par Las Vegas. Donc le début de sa phrase était déjà un ramassis de conneries. Ensuite, c’était une route qui rejoignait Chicago à Los Angeles sur plus de 3 000 km à travers 8 États. La réduire à sa portion dans l’Arizona et une partie du Nouveau Mexique, c’était d’une débilité totale. C’était comme dire “A part le mont St Michel et la Tour Eiffel, il n’y a rien à voir à Paris”. Et enfin, il n’y avait rien à voir, pour lui ! Si son centre d’intérêt était uniquement le bitume dans le désert, c’était son problème.
Bref, j’ai ensuite fini mon petit tour en retournant au visitor center. Il était plus de 18 h et je suis reparti via le Desert view drive, une route longeant le canyon sur environ 40 km avec des accès à différents points de vue. Je ne les avais pas tous fait, je n’avais plus beaucoup de temps et la nuit commençait à tomber. Je m’étais arrêté à Yaki, Grandview, Moran et Desert view. Desert view avait un vieille tour d’observation mais elle était fermée quand j’y suis passé. La nuit était quasiment tombée et on ne voyait plus grand chose. J’ai quitté la zone et j’ai rejoint Page vers 22 h. La route dans l’ensemble était tranquille sauf vers la fin. Après Bitter Spring, à une quarantaine de km au sud de Page, la route traversait la montagne. De nuit avec du brouillard, je ne voyais pas grand chose.
Le grand canyon était un site énorme avec des points de vue magnifiques. Des nombreuses randonnées y étaient possibles et j’avais sous estimé le temps nécessaire. Il aurait mieux valu que j’y arrive en cours de matinée (je voulais visiter un peu Flagstaff quand même), j’aurai bien aimé faire un peu plus de la Bright Angel.