Pour le budget, on voit de tout. En moyenne, ce genre de voyage coûte un peu moins de 15 000 € (en 2017) pour un an. Il existe plusieurs possibilité pour se financer ce genre de voyage dont le plus classique consiste à économiser. Le sponsoring existe également mais il faut pour cela développer une thématique pour le voyage et intéresser des investisseurs. Certains contractent un prêt mais personnellement, s’endetter pour ça est pour moi une erreur monumentale. Au retour, on aura probablement d’autres priorités à gérer. Pas la peine de se rajouter des contraintes supplémentaires avec un crédit sur le dos. Pour ce qui est des économies, cela est valable évidement à partir du moment où on a un salaire suffisant pour couvrir les frais non compressibles (loyer, impôts etc…) et tous les extras qu’on veut se faire : restau, vacances, salle de gym, soldes etc … Par exemple, au lieu de s’acheter le dernier Iphone à plus de 1000 €, on peut garder son ancien téléphone et mettre ce montant de côté. En revanche, si tu es au SMIC avec un loyer de 900 €, il peut être très compliqué d’économiser.
Certains font un tour du monde avec moins de 5 €/jour. Mais selon moi, seuls des fous furieux peuvent le faire sur un voyage de plusieurs mois /années. Cela demande énormément de compromis et de système D pas évident à faire. Il y en a même qui arrivent à vivre dans certains pays avec 0 € en poche. Bon, là on arrive à un extrême qui me soulève un problème de conscience : le but est de faire un maximum de chose sans rien dépenser ou presque. Donc auto stop pour le transport, gare/aéroport/squat/rue/camping sauvage pour dormir (il y a aussi le couchsurfing), glanage pour l’alimentation (récupération des surplus d’invendu des magasins, des restaurants et même quelquefois des poubelles) et parfois la manche (parce qu’il faut quand même un peu de monnaie de temps en temps). On ne voyage pas vraiment sans rien en poche mais les locaux «paient » à notre place. En clair, on profite de la générosité des autres ou des excès de la société de consommation pour se faire plaisir ce qui est très différents de ceux qui le font par nécessité. Pour moi, se faire financer son séjour en faisant la manche en Birmanie ou au Vietnam où le PIB annuel est équivalent à un mois de loyer sur Paris est d’une indécence qu’un voyageur qui se respecte ne peut se permettre. Alors, attention : auto stop/couch surfing ou autre moyen de limiter les frais me sont tout à fait acceptables bien entendu, et même parfois préférables ! Mais tout est une question de dosage. L’auto stop par exemple est un moyen en or pour connaître la population local, partager un moment avec elle ou tout simplement indispensable pour rejoindre un lieu pas desservi par les transports en commun. Mais il faut s’enlever de la tête : auto stop = transport gratuit et penser auto stop = échanges avec les locaux. La finalité est la même, on se déplace d’un point A à un point B à peu de frais mais la mentalité est totalement différente. Raison pour laquelle je ne comptais pas en faire beaucoup. J’ai un côté introverti (dit il tout écrivant un blog sur sa vie) qui ne me pousse pas vraiment à discuter énormément avec des inconnus.
Dans un 1er temps, pour avoir un ordre d’idée, j’ai pris mes budgets habituels de vacances comme base : 1000 €/ semaine, tout compris. Pour quatre mois max, cela faisait environs 17 000 €. Problème, cette base dépassait de plus de 284 % le prix moyen et explosait mon budget disponible. Étais- je un adepte du luxe pour atteindre un tel montant ? J’ai recherché le trajet “classique” d’un tour du monde des français pour avoir des éléments de réponses. La plupart fait l’Amérique du Sud, l’Asie du sud est, Australie, pas Europe. Des régions où on peut s’en sortir à 10 – 20 € tout compris par jour sans trop de problème (excepté l’Australie). Avec bien souvent un départ en avion jusqu’en Inde ou Thaïlande. Les pays que j’avais visité jusqu’à maintenant avaient un coût de vie quotidienne nettement plus élevé (Irlande, Etat Unis, Canada, Espagne, Norvège, Japon, Angleterre, excepté la Grèce) et je tournais à environs 85 €/jour sans compter les billets d’avion ce qui était, somme toute, assez correct. D’autant plus que je ne dormais pas en auberge de jeunesse la plupart du temps. Ma base de calcul de départ n’était donc pas si excessive. Partant de là donc, j’ai fait une deuxième évaluation sur le « terrain », c’est-à-dire en regardant plus précisément les coûts de la vie dans les pays prévus et en réduisant le temps prévu dans certains pays. Au final, j’ai obtenu une évaluation à 6 000 € soit 1 500 €/mois sur quatre mois, montant déjà plus raisonnable.
J’ai rajouté ensuite tous les frais non suppressibles en France durant mon absence : crédit pour l’appart, impôts, assurance habitation etc… Etant propriétaire, je ne voulais pas revendre mon appartement. Pour quatre mois parti, c’était beaucoup de problèmes pour pas grand choses. De plus, il aurait fallu trouver un garde meuble pour stocker toutes mes affaires (que je ne voulais pas vendre non plus) donc des frais supplémentaires. Puis retrouver un autre logement en location ou en achat quand je reviendrais. Pas intéressant du tout. Idem pour l’abonnement internet : avec les frais de résiliations, j’aurai économisé 20 € au maximum. Rentable, certes, mais ça ne valait pas le coup. Après, 20 € c’est quatre nuits en Mongolie dans une auberge de jeunesse. EDF et eau, de même. J’ai juste coupé l’eau pour prévenir les fuites éventuelles et fermé le disjoncteur pour n’avoir que les abonnements à régler et pas de consommation. Dans mon cas, les résiliations étaient intéressantes à partir de six mois d’absence. Bref, sans entrer dans les détails, il me fallait 5200 € pour les charges courantes en France durant mon absence. J’avais également prévu une petite réserve pour mon retour, histoire de ne pas retrouver avec un compte à 0, soit environ 2 000 €.
Un poste de dépense qu’il fallait prendre en compte également était tout ce qui regroupe les frais en amont du départ : visas, équipements, vêtements manquants éventuels (voir le chapitre : Sac à dos et équipement) soit environs 1 500 €. Donc au total, le budget prévisionnel a été de 6000 + 5200 + 2000 + 1500 = 14700 € que j’ai arrondi à 15 000 €. J’ai également utilisé l’outil de simulation et de suivi de budget, développé par planificateur a contresens. En prenant le montant médian dépensé par les tourdumondistes dans les pays visés, je suis tombé quasiment sur le même montant sans prendre en compte la réserve de 2000 € pour le retour soit 13 200 €. Mon évaluation finale était donc assez réaliste.
Les deux points de dépenses principales pendant un voyage sont le transport et l’hébergement. Au niveau du transport, j’avais prévu une alternance avion/train/location de voiture et parfois le bus. La location de voiture n’était pas la solution la plus économique bien entendu. Pour l’hébergement, j’ai fait le choix des auberges de jeunesse ou des guest house pour une moyenne de 10 € – 20 € / nuit, avec de temps en temps des déplacements de nuit lorsque les temps de trajets sont longs (j’allais avoir des étapes qui pouvaient durer plus de 10 ou 15 h avec un record de plus de 50 h). Le couchurfing ou Air b’nB sont aussi économiques, bien sûr, mais pour l’avoir fait au Japon, je ne voulais pas perdre trop de temps à rechercher les adresses sur place, la barrière de la langue étant parfois très handicapante (on s’était perdu une fois au Japon et pour retrouver la bonne adresse du logement avec les sacs à dos/valises, avec des échanges téléphoniques réguliers avec la propriétaire, ça a été la galère. Quant au camping beaucoup plus économique 1) je ne voulais pas m’encombrer d’une tente dans mon sac à dos (le poids du sac est un facteur très important à prendre en compte) 2) je voulais un certain degré de confort pour la majorité de mes nuits (notamment en plein hiver en Sibérie). De plus, les auberges de jeunesse ont un avantage très important pour moi : un point de chute fiableet repérable pour quand je me perdrais. Petit détail très personnel : j’ai un sens de l’orientation déplorable. Pour ceux qui connaissent le manga One Piece, je suis l’équivalent de Zorro. Donc les auberges de jeunesses principalement. C’est toujours assez facile à retrouver et il y a possibilité d’y trouver des plans pour des activités locales. (Une fois, on a avait pu s’acheter des places pour un match de baseball à Boston pour le jour même. Le match avait été reporté ensuite pour cause de pluie mais tu vois le principe).
Pour obtenir les fonds, je n’avais pas grand-chose en économie au départ : environs 500 €. J’avais une voiture assez récente (4 ans) que j’ai revendue. J’avais également une montre Omega que j’ai revendu à une boutique d’achat et de revente. Je l’avais depuis un paquet d’années et j’avais économisé près de deux ans à l’époque pour pouvoir me l’offrir donc ça m’avait fait un petit pincement au coeur. Mais bon, priorité au tour du monde. J’aurais pu en récupérer quasi le double en revendant directement moi même de particulier à particulier mais je n’avais ni le temps ni l’envie de m’embêter avec ça, sans compter du côté aléatoire : j’aurais pu aussi bien la revendre en 1 mois que toujours pas au bout d’un an… Avec ces deux reventes, j’avais récupéré une grande partie des fonds. Pour le reste, j’ai du économiser. Mine de rien, vu mes revenus, ce n’était vraiment pas gagné. Un poste de dépense non négligeable était le tabac. J’étais (et je le suis encore) un fumeur moyen. 12-13 cigarettes/jour soit aux alentour de 70 €/mois (tabac à rouler, feuilles et recharge pour le zippo). J’ai réduit à 4-5 cigarettes/jour soit 3 paquets de tabacs/mois vs 6-7 ce qui a permis d’économiser environs 40 €/mois soit 480 € en 1 an. Pour le reste, de base je ne suis pas un adepte de la mode ou autres achats compulsifs. Idem pour les chaussures. Donc ce n’était pas de postes de dépenses que je pouvais beaucoup réduire. Un coup de chance m’a relativement aidé : nouveau CDD, nouveau salaire légèrement supérieur à l’ancien. Du coup, j’ai pu mettre de côté la différence de montant entre mon ancien et mon nouveau revenu. Un autre point que je n’avais pas vraiment anticipé était celui des impôts. Vu que j’avais eu une période de chômage dans l’année, j’avais eu des réductions d’impôts et des remboursements sur mes mensualisations, que ce soit sur le revenu et les locaux. Au final, je me suis retrouvé avec un peu plus de 14 500 € de récupérés en un an. Il me manquait 500 €. Ma famille a largement complété le manque en participant. Ce qu’il fait que je me suis retrouvé dans les clous dans mon budget prévisionnel.