Quand on part en voyage, on fait généralement quelques photos. Il est toujours frustrant de les perdre que ce soit par vol, casse de matériel ou perte tout court. Du coup, un système de sauvegarde est assez utile. J’ai fait le choix paradoxal de ne pas en faire. Risqué mais calculé. Mes cartes mémoires et les clefs usb sont de qualité suffisante pour que la probabilité que l’une d’entre elles lâche soit négligeable. Je les utilise régulièrement depuis 2017 et je sais qu’elles sont fiables. De plus, mes clefs ne risquaient pas grand-chose. Plus petites que les disques durs externes, elles étaient évidemment plus discrètes donc moins sujettes à vol. Vu la taille de mes photos (15 à 20 Mo pièce au début du voyage, j’étais passé à 25 – 30 Mo à cause d’un changement de boitier en cours de route), il était de toute façon hors de question de faire des sauvegardes sur Picassa ou autres services en ligne. Je ne voulais pas passer mes soirées et une partie de mes journées à faire des upload de photos. De plus, ce genre de stockage compresse les images pour des gains de place donc on perd en qualité. Pour faire des traitements sur les raw après, bonjour la galère. Je parle des vrais traitements de photos, via DXO Optic pro, Lightroom, ou autre Darktable, pas des retouches via les filtres Instagram, Snapchat ou autres Photoshop…
Une solution aurait pu être un ordinateur portable mais ça faisait minimum 1,5 kg de matériel en plus, donc non. Une tablette aurait pu faire l’affaire mais pour avoir un stockage suffisant, le budget explosait. Sous Androïd, avec un adaptateur OTG, il est tout à fait possible d’y brancher une clef USB en FAT32 ou exFAT32. Mon boîtier Canon est également reconnu via ce système. Donc pour moi, un transfert de la carte mémoire lorsque celle ci est pleine sur le smartphone puis sur la clef usb était ce qui avait de mieux en termes de poids, encombrement et sécurité. Bon, c’est sûr que l’on n’est jamais à l’abri d’une défaillance matérielle donc dans l’idéal, il aurait fallu un emplacement de stockage et un autre de sauvegarde séparé. Un disque dur externe en SSD aurait pu faire l’affaire. Mais autant le téléphone fournissait assez d’énergie pour alimenter une clef usb, autant il n’était pas suffisant pour un disque externe. Donc j’étais coincé. Il aurait fallu passer par un pc en auberge de jeunesse par exemple. Mais niveau risque, j’en prenais un énorme, ne serait ce qu’avec les virus. M’encombrer plus à cause du « on ne sait jamais » était une erreur que je ne voulais pas faire en prenant un disque externe et le ratio risque/bénéfice n’était vraiment pas positif. Donc je suis resté sur le stockage pur. Une dernière possibilité était de prendre des cartes mémoires à grandes capacités, 256 Go ou plus. En utilisation, ce n’était pas une très bonne idée. Ce genre de carte est relativement chère et si elle a un problème, on perd beaucoup plus de photos à la fois. Elles sont utiles si on fait de la vidéo, ce qui n’était pas mon cas. En stockage/sauvegarde, c’était une très bonne alternative par rapport aux clefs usb. Beaucoup moins encombrant et plus léger. Mais j’avais déjà mes clefs et je n’allais pas dépenser minimum 250 € pour ça.
Pour éviter les risques de pertes, mes clefs et mes cartes mémoires étaient stockées dans une petite pochette de voyage, dans mon sac à dos principal. Je ne gardais que trois cartes mémoires dans ma sacoche : une dans l’appareil photo, les deux autres en réserve. Dans le cas où mes clefs auraient été pleines, je pourrais toujours en racheter en cours de route. A première vue, ce système me semblait le plus optimal pour moi. Mais j’ai eu plusieurs problèmes de transfert et de compatibilité Canon/Android/exFat32 qui m’ont corrompu une bonne centaine de photos irrécupérables. Même avec des logiciels de récupération et/ou de réparation, je n’ai pas pu les restaurer. En soi, en terme de pourcentage, cela ne faisait pas beaucoup : environs 1,3 %. Mais la majorité concernait un endroit où je ne suis resté que 4 jours donc ça m’a un peu cassé les roubignoles.
Avec les boitiers wifi, on peut transférer sans fil les photos dans le téléphone via l’application Canon. C’est une possibilité très intéressante pour la sauvegarde. Alors pour les autres constructeurs, je ne sais pas, mais pour Canon leur équipe développement application mobile (ou leur sous traitant) est une quiche intersidérale. Au cours du voyage, j’ai du changer de boîtier et j’ai pu tester le wifi. Comme télécommande, c’est très bien. Du téléphone, on peut contrôler quasi tous les paramètres du boitier. La seule chose impossible est le réglage du zoom à distance. Ce qui est plutôt normal vu que le zoom est 100% mécanique. Mais pour tout le reste, c’est une bouse immonde. La synchronisation avec le téléphone est poussive, l’ID du boitier change (j’ai trois identifiants différents pour le même boitier dans mes configurations wifi du téléphone…), la portée est ridicule (moins de 10 mètres en wifi !), l’exploration des photos est basique et lente (le débit doit être bridé à 56 Ko je ne vois pas d’autre explication). Et le plus important : elle ne gère pas les raw ! J’ai fait un test de traitement de photos, la photo originale a été corrompue et irrécupérable. Quant au transfert, les raw sont convertis automatiquement en jpeg . Avec une probabilité non négligeable de corrompre la photo originale. Une bonne partie de mes photos perdues l’ont été à cause de ça. L’ancienne application gérait très bien les raw mais une tête d’oeuf (une génie, cette personne) s’est dit que les raw ça ne sert à rien sur un téléphone (bah oui : quel est l’intérêt d’avoir des images de plus de 25 Mo dans un téléphone ?) donc ils ont supprimé la gestion de ce format avec la nouvelle application. Évidemment, impossible d’utiliser l’ancienne, la mise à jour est forcée. Donc pour les sauvegardes de photos, l’application Canon c’est mort. Pour moi, la fonction wifi n’a pour seule utilité que la possibilité d’avoir une télécommande sans fil via le téléphone.